«Un homme formidable»: Jean Charest a côtoyé Robert Redford lors d’une visite à Québec en 1992


Cédric Bélanger
L’ex-premier ministre Jean Charest garde de précieux souvenirs de la visite éclair à Québec, en 1992, du regretté Robert Redford, avec qui il avait survolé le fleuve Saint-Laurent en hélicoptère.
«Nous étions tous restés au Château Frontenac et nous avions passé plusieurs heures ensemble. C’était un homme très sympathique, intelligent, très calme. Il était comme on le percevait. Un homme formidable. Très affable, très accessible.»
M. Charest avait un agenda chargé mercredi, mais il ne s’est pas fait prier, entre deux rencontres à Paris, pour raconter au Journal comment le célèbre acteur s’était retrouvé dans la capitale pour présenter en avant-première La rivière du sixième jour, un film qu’il avait réalisé et qui mettait en scène un jeune Brad Pitt.

Il s’avère que c’est son producteur Jake Eberts, un personnage influent à Hollywood qui a été élevé à Arvida, au Saguenay, qui est à l’origine de la visite de Redford à Québec. Il avait fait la connaissance de Jean Charest, alors ministre fédéral de l’Environnement, et sa femme, Michelle, à North Hatley, où il avait un pied-à-terre avec son épouse.
«J’étais responsable de la Commission des sites et monuments historiques et des parcs nationaux. Jake et moi avons eu l’idée de lui faire visiter Grosse-Île et de lancer son film au Québec», se souvient M. Charest.
À l’époque, une coalition pour la protection du fleuve avait été créée et le film raconte justement l’histoire d’une rivière aux États-Unis et de ses riverains.
Ce n’était pas une blague
Connu pour son engagement sans faille pour la protection de l’environnement, Robert Redford avait accepté. Alors directeur général de l’Union québécoise pour la conservation de la nature (UQCN, maintenant «Nature Québec»), Christian Simard avait été chargé d’organiser la projection au Grand Théâtre à deux semaines d’avis.
«C’est son producteur qui m’avait contacté. Au début, je pensais que c’est un ami qui me faisait une blague parce que Jake Eberts parlait très bien français, mais il bégayait beaucoup. J’ai presque raccroché», relate M. Simard.

Pour s’assurer du sérieux de l’affaire, il a demandé que Robert Redford lui écrive une lettre confirmant qu’il s’engageait à venir, missive qu’il possède encore.
Des sous-titres pour les Québécois
Robert Redford a donc atterri à Québec le 14 septembre 1992. «Ils avaient fait faire dans l’urgence des sous-titres en français par respect pour les gens de Québec», raconte Christian Simard.
La capitale, raconte-t-on, avait pu voir le film trois semaines avant sa première à New York.
La visite de la vedette avait commencé au port de Québec, où il avait signé le livre d’or avant de s’envoler en hélicoptère. «Nous avions survolé Grosse-Île jusqu’à l’embouchure du Saguenay. [...] Il avait beaucoup aimé», mentionne Jean Charest.

Lors d’une rencontre avec les médias, après sa balade aérienne, Robert Redford s’était dit impressionné par la nature encore pure du Québec. «Vous ne trouvez plus cela aux États-Unis. Il n’en tient qu’à vous de le sauvegarder.»
Guy Lafleur
Pas moins de 700 personnes ayant déboursé 50$ chacune ont assisté au visionnement du film, qui allait remporter un Oscar pour sa direction photo. Les profits de la soirée, une somme de 20 000$, ont été remis à l’UQCN.
Même si son horaire ne le prévoyait pas, Robert Redford avait accepté de répondre aux questions du public en fin de soirée. «Il avait été très généreux», dit Christian Simard, qui avait joué le rôle du traducteur sur scène.
Une rencontre entre deux héros avait même été orchestrée. «Guy Lafleur était venu lui faire cadeau de son chandail numéro 10 des Nordiques de Québec. Ça lui avait fait plaisir. Tout le monde avait embarqué.»
C’est apparemment la seule fois que Robert Redford aurait mis les pieds chez nous. «Jake essayait de l’intéresser à faire des projets au Québec à ce moment-là», signale Jean Charest.