«Il a brisé nos rêves»: le père de Julie Boisvenu confronte son meurtrier pour qu’il n’obtienne pas une sortie de prison
Le meurtrier Hugo Bernier souhaite obtenir une permission de sortir avec escorte pour visiter sa famille à Gaspé

Erika Aubin
Pour la première fois depuis 23 ans, le meurtrier Hugo Bernier a admis avoir enlevé, violé puis tué la jeune Sherbrookoise Julie Boisvenu, devant le père de la victime, qui s’est vivement opposé à ce qu’il puisse obtenir des sorties de prison, même sous haute surveillance.
«Julie aurait eu 50 ans cette année. [...] Ce meurtrier devant nous a brisé nos rêves de voir grandir Julie. De la voir s’épanouir, de la voir un jour s’accomplir dans son rôle de mère, de professionnelle et de voir grandir nos petits-enfants», a témoigné mardi Pierre-Hugues Boisvenu devant la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC).

Le meurtrier Hugo Bernier, qui portait des lunettes teintées cachant ses yeux, a fixé le sol en entendant le père de sa victime pour la toute première fois depuis sa condamnation.
En juin 2002, il a enlevé Julie Boisvenu, alors âgée de 27 ans, à la sortie d’un bar au centre-ville de Sherbrooke. Il l’a séquestrée et violée avant d’abandonner son corps presque nu dans un fossé. La dépouille a été retrouvée une semaine plus tard.
Pour voir sa famille
Bernier souhaite maintenant obtenir une permission de sortie avec escorte pour une visite de deux heures chez son père à Gaspé, après le décès soudain de son frère.
En tout temps, il serait menotté et surveillé par deux agents correctionnels armés. Il serait transporté dans un fourgon cellulaire et dormirait en chemin dans un poste de la Sûreté du Québec. La Commission a pris cette décision en délibéré.
À la fin de la longue audience, la CLCC lui a aussi refusé son autre demande pour une sortie de perfectionnement personnel.
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Bernier a encore trop de mal à expliquer pourquoi il a des pensées sexuelles déviantes. Il a fourni des réponses parfois évasives. Selon une évaluation datant de 2023, il serait encore excité par des scénarios de viol avec humiliation.
«La Commission ne peut pas faire abstraction de ça, car c’est trop collé à votre criminalité. C’est quelque chose sur lequel vous devez continuer à travailler avant qu’on amorce des sorties», lui a expliqué une commissaire.
Bernier a avoué lui-même présenter encore un risque de récidive, qu’il évalue à 2 ou 3 sur une échelle allant jusqu’à 10.
Et ce n’est que du bout des lèvres qu’il a admis pour la toute première fois avoir enlevé et agressé sexuellement la Sherbrookoise avant de la tuer. «Ce n’est pas correct ce que j’ai fait. Ce soir-là, c’est une personne qui était au mauvais endroit au mauvais moment. Ça aurait pu être [n’importe qui]», a-t-il dit.

À son procès, le meurtrier avait plutôt donné une version invraisemblable en disant l’avoir tuée par accident lors d’une relation sexuelle consentante.
Peur qu’il recommence
Au moment du meurtre crapuleux, Bernier était sous le coup d’une probation pour avoir violé et séquestré une autre femme, en Gaspésie.
«Il m’est impossible de passer sous silence à quel point je crains qu’il fasse une autre victime et une autre Julie Boisvenu compte tenu de son passé de récidiviste», a laissé tomber l’ex-sénateur Boisvenu, qui se dévoue maintenant à la défense des droits des victimes.

Bernier a eu droit à une audience adaptée à la culture autochtone avec la présence d’un aîné, lui qui a découvert il y a quelques années ses origines. Tout le monde était donc assis en cercle; les proches de la victime, à seulement quelques mètres du détenu.
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