NFL: Ikem Ekwonu, le bloqueur homme-orchestre


Stéphane Cadorette
INDIANAPOLIS | Sur le terrain, il est considéré comme une brute sans pitié. En dehors, il est l’éloquence incarnée, en plus d’avoir été un lutteur émérite, un membre de la chorale d’honneur de son école et un interprète dans des comédies musicales. Cet homme-orchestre, c’est le bloqueur Ikem Ekwonu, qui aspire à devenir le tout premier choix au repêchage de la NFL.
Les imposants joueurs de ligne offensive ont défilé devant les médias, jeudi, au Combine de la NFL à Indianapolis, où les espoirs en vue du repêchage sont rassemblés.
C’est un retentissant coup de circuit que le sympathique bloqueur de l’Université North Carolina State a frappé en ce qui a trait à sa personnalité rafraîchissante.
Difficile de ne pas sourire en écoutant le gaillard de 6 pi 4 po et 320 livres raconter sa fierté d’avoir interprété le personnage de Pongo, père de 15 chiots dans le classique des 101 dalmatiens.
«J’avais le rôle principal, c’était un grand pas pour moi», a-t-il lancé de son podium, devant un parterre amusé.

Multifonctionnel
Celui qui entendra assurément son nom parmi les premiers choix au repêchage à Las Vegas le 28 avril, en a remis en affirmant que dans sa chorale d’honneur, il a été l’un des rares à pouvoir entonner les chants autant en mode ténor dans les aigus que baryton dans les graves.
Ouais, un oiseau complètement différent des autres, ce Ekwonu!
«Je ne me suis jamais imaginé faire ma vie en dehors du football, mais j’ai toujours eu de nombreux intérêts. J’ai dû arrêter le théâtre et la chorale quand les nombreux sports que je pratiquais ont pris beaucoup de place.
«Tout ça m’a permis de rencontrer différents types de personnes et de m’offrir de nouvelles perspectives. J’ai le sentiment que ça m’a rendu plus ouvert et empathique à l’égard des gens», a-t-il expliqué.
Un autre animal
Si le jeune homme articulé a pu se fondre à merveille dans le rôle de l’attachant Pongo, il est tout aussi à l’aise quand vient le temps de se métamorphoser en bête indomptable dès qu’il saute dans les tranchées pour un match.
«Demandez à n’importe qui, personne n’a plus de plaisir que moi sur le terrain. J’aime imposer mon désir de vaincre. Il n’y a rien qui me rend plus satisfait que de frapper quelqu’un et de le dominer», a-t-il affirmé.
Actuellement, la force brute de Ekwonu sur le jeu au sol ne fait aucun doute. Son jeu en protection de passe demeure à peaufiner. Son potentiel est immense et c’est pourquoi plusieurs l’observateurs l’envoient aux Jaguars, qui détiennent le premier choix.
Ekwonu ou Neal?
À Jacksonville, la priorité absolue sera de protéger le jeune quart-arrière Trevor Lawrence, donc un autre gros bonhomme plus poli sur le jeu aérien comme Evan Neal, de l’Alabama, sera aussi considéré.
Ekwonu se dit prêt à faire la transition comme garde au besoin, mais se voit davantage dans la chaise du bloqueur à gauche.
«Ça voudrait dire beaucoup pour moi d’être sélectionné au premier rang. Ça ne m’étonnera pas si ça arrive parce que j’y ai investi tellement d’efforts. Avec un peu de raffinement, je peux devenir un grand bloqueur. Je ne fais que commencer à atteindre la base de mon plein potentiel», a-t-il dit.
Cependant, Evan Neal est loin d’avoir dit son dernier mot. Il est un partant de longue expérience dans le gros programme de l’Alabama et à 350 livres (il a confié que son poids au Combine était plutôt de 336 livres), il est un athlète d’exception.
«Je serai heureux peu importe où et quand je serai repêché. Mais qui ne rêverait pas d’être choisi premier au total? Je serai extrêmement reconnaissant à l’endroit de l’équipe qui me fera confiance», a indiqué celui qui a confié avoir adoré sa rencontre avec les Jaguars à Indianapolis.
Dans l’histoire du repêchage de la NFL, seulement quatre bloqueurs ont été sélectionnés au premier rang, soit Eric Fisher (Chiefs, 2013), Jake Long (Dolphins, 2008), Orlando Pace (Rams, 1997) et Ron Yary (Vikings, 1968).
Par ailleurs, si Ekwonu est vraiment sélectionné au premier rang, il deviendrait le deuxième joueur seulement issu de North Carolina State à obtenir cet honneur, après l’ailier défensif Mario Williams, en 2006.
Le tour du monde du receveur John Metchie III

INDIANAPOLIS | C’est à l’Université de l’Alabama que le receveur John Metchie III s’est fait remarquer par la NFL, mais c’est au Canada qu’il a découvert son amour pour le football, après des passages à Taïwan et au Ghana.
Né dans le petit pays asiatique d’une mère taïwanaise et d’un père nigérien, Metchie a suivi sa famille en Afrique, où il a vécu jusqu’à 6 ans.
Celui qui devrait être un choix de deuxième ou troisième tour au repêchage de la NFL a vite compris au Ghana qu’il avait peut-être un don de vitesse, à force de sprinter pour fuir les chiens errants dans son quartier.
Désirant une vie meilleure, sa mère l’a amené vivre à Brampton, en Ontario, avec ses quatre frères, tandis que le paternel n’a pas suivi. Si les jeunes de son entourage s’intéressaient d’abord au hockey, c’est le ballon ovale qui a séduit Metchie.
«Je suis éternellement reconnaissant envers ma mère, qui a fait tellement de sacrifices pour nous élever et nous permettre de vivre nos passions», a insisté le prolifique receveur en parlant cette semaine de son passage au Canada, qui a duré huit ans.
Saut au Maryland
Constatant au secondaire qu’il était bourré de talent et qu’il considérait avoir plus d’opportunités de se développer au Sud de la frontière, il a mis le cap à 14 ans sur une école du Maryland, où il s’est vite fait un nom, loin de ses proches.
Son frère Royce, un demi défensif, a passé les quatre dernières saisons dans la Ligue canadienne avec les Stampeders de Calgary et vient tout juste d’être échangé aux Argonauts de Toronto.
Suivant ses traces, John Metchie aimerait devenir le prochain membre de la famille à connaître du succès sur la scène professionnelle et croit que son parcours unique ne peut que le rendre plus fort.
«Tous ces endroits où j’ai vécu et les gens que j’ai rencontrés ont façonné l’individu que je suis devenu. Les cultures différentes que j’ai connues et la diversité m’ont aidé dans mon parcours», a-t-il fait valoir.
Blessure au genou
Metchie n’a pas pris part aux tests physiques au Combine à Indianapolis parce qu’il est toujours en réhabilitation d’une déchirure du ligament croisé antérieur subie en finale de la conférence SEC face à Georgia, en décembre.

Il a indiqué qu’il obtiendra le feu vert des médecins pour reprendre le travail sans restriction en juin.
«Je ne pense pas que ma blessure effraie les équipes. Les recruteurs savent où j’ai joué, dans une division difficile. Ils savent avec qui j’ai joué, contre qui j’ai joué et quels entraîneurs m’ont dirigé. Ma production et la qualité de mon environnement de travail disent tout.»
Avant sa blessure, Metchie connaissait une brillante saison avec 96 réceptions pour 1142 verges et huit touchés.
Bonne cuvée
Malgré son inspirant cheminement, Metchie ne figurera pas parmi les premiers receveurs choisis. Entre son frère d’armes à Alabama Jameson Williams (lui aussi victime de la même blessure au genou), Drake London (USC), Garrett Wilson et Chris Olave (Ohio State), ainsi que Treylon Burks (Arkansas), la cuvée 2022 annonce encore une fois plusieurs choix de première ronde à la position.
London, un gros bonhomme de 6 pi 3 po et 219 livres a quant à lui subi une blessure à la cheville qui a mis un terme à une excellente saison de 88 réceptions pour 1084 verges et sept touchés.
«Ce serait spécial d’être le premier choisi, mais tout ce qui m’importe est d’être repêché. Je pense que nous sommes tous des receveurs polyvalents, chacun à notre manière. Nous avons tous des outils différents et je ne saurais dire qui est le meilleur», a-t-il mentionné avec humilité.
De son côté, Garrett Wilson estime qu’il a les atouts pour exercer un impact immédiat comme l’ont fait Justin Jefferson et Ja’Marr Chase lors des deux dernières années, à leur saison recrue.
«C’est le but! C’est en fonction de ça que je m’entraîne. Je les ai observés et je pense pouvoir être le prochain dans leur lignée», a-t-il lancé.
Entraînement particulier
Les entrevues lors du Combine, c’est par ailleurs l’occasion d’en savoir plus sur les techniques propres à chacun pour peaufiner leur art. Dans le cas de Treylon Burks, qui affirme se voir dans un rôle à la Deebo Samuel dans la NFL, il estime que sa passion pour la chasse aux porcs sauvages a fait de lui l’athlète qu’il est devenu.
«Il faut aller les trouver à l’aide de chiens, puis les pourchasser afin de les plaquer et de les tuer», a-t-il raconté.
Une fois au sol, les animaux sont abattus... à l’aide d’un couteau.
«C’est comme au football. Tu pars à la chasse avec un plan de match bien établi. Il faut savoir exactement où ils se trouveront et attaquer», a-t-il ajouté.
Pas sûr que les cochons abattus lui ont procuré de meilleures mains, mais pour la vitesse et la compétitivité, à chacun sa technique!