Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Hydro-Québec et la Caisse, un partenariat naturel

Hydro-Québec modernise et développe son réseau, la Caisse le finance, soit comme partenaire, soit comme simple prêteur

Partager
Photo portrait de Michel Girard

Michel Girard

2023-11-04T04:00:00Z
Partager

Avec son plan d’action « Vers un Québec décarboné et prospère », le nouveau PDG d’Hydro-Québec Michael Sabia projette d’investir 155 à 185 milliards de dollars d’ici 2035, pour une moyenne annuelle de 12 à 16 milliards $. 

Dans le cadre de ces investissements massifs qu’Hydro-Québec s’apprête à effectuer en vue d’augmenter sensiblement sa production d’électricité, un partenariat financier avec la Caisse de dépôt et placement me semblerait propice. 

On pourrait faire d’une pierre deux coups : pendant qu’Hydro-Québec modernise et développe son réseau, la Caisse le finance, soit comme partenaire, soit comme simple prêteur.  

Ainsi, Hydro pourrait se financer à bon compte, tout en permettant à la Caisse de faire de l’argent sur ledit financement. Au lieu de verser des milliards de frais d’intérêt à des investisseurs étrangers, Hydro les verserait dans notre bas de laine.  

  • Écoutez le segment économie avec Michel Girard via QUB radio :

LA DETTE TRIPLERA  

La dette à long terme d’Hydro- Québec s’élève actuellement à près de 52 milliards $. Les futurs investissements massifs que le nouveau PDG Michael Sabia souhaite effectuer risquent de tripler la dette d’Hydro.  

Publicité

C’est énorme, le nouveau plan d’investissements de Sabia. À preuve, sachez que la somme d’argent (jusqu’à 185 milliards $) à investir dans ce plan d’action dépasse le montant total des investissements que le gouvernement du Québec projette d’effectuer d’ici les 10 prochaines années en vertu du Plan québécois des infrastructures 2023-2033. On parle ici d’investissements totaux de 150 milliards $ sur 10 ans, pour tous les secteurs relevant du gouvernement : réseau routier, écoles, hôpitaux, transport collectif, parcs, rétention d’eau, centres d’hébergement, etc.  

POUR PLUS DE PUISSANCE 

Avec ces investissements de 155 à 185 milliards d’ici 2035, Hydro va pouvoir ajouter 60 TWh, soit entre 8000 et 9000 MW de puissance additionnelle. Cela équivaut à la puissance actuelle des trois plus grands ouvrages hydroélectriques de la société d’État, soit LG-2, Manic-5 et le complexe de la Romaine.  

En bref, voici les investissements que le nouveau PDG d’Hydro-Québec souhaite réaliser au cours des 11 prochaines années :  

  • 45 à 50 milliards $ dans des travaux et des achats d’équipement visant à assurer la pérennité du réseau de distribution électrique (poteaux en composite, protecteurs de conducteur, enfouissement de lignes électriques, etc.) ;   
  • 30 milliards $ en investissements « privés et publics » dans l’ajout de nouvelles capacités éoliennes ; 
  • 35 à 45 milliards $ dans la construction de nouvelles centrales hydroélectriques et l’augmentation de la puissance des centrales existantes ; 
  • 45 à 50 milliards $ dans les nouvelles infrastructures de transport d’électricité entre les nouvelles installations de production et les lieux de consommation ; 
  • Des milliards $ dans la réalisation de rénovations écoénergétiques et dans la bonification d’incitatifs pouvant couvrir jusqu’à 50 % du coût d’achat d’équipements écoénergétiques (thermopompes, les thermostats intelligents, les contrôleurs de chauffe-eau). 
Publicité

Photo Pierre-Paul Poulin
Photo Pierre-Paul Poulin

POSITION ENVIABLE D’HYDRO 

Les pays multiplient actuellement les investissements pour décarboner leur économie avec l’énergie propre. En 2022, 1600 milliards de dollars ont été investis dans la transition énergétique. D’ici 2030, on s’attend à des investissements de 40 000 milliards de dollars à l’échelle mondiale.  

Nous, au Québec, on est dans une position enviable, avec une bonne longueur d’avance dans cette course mondiale à l’énergie propre. Et ce, tout en payant des tarifs parmi les plus bas en Amérique du Nord. 

Investir de 155 à 185 milliards d’ici 2035 dans la production additionnelle d’électricité, c’est certes beaucoup d’argent à l’échelle du Québec.  

Mais si on va de l’avant, le grand patron d’Hydro croit que cela va permettre au Québec de répondre adéquatement aux besoins énergétiques à long terme des ménages et des entreprises, tout en pouvant exporter à profit les surplus que l’on produira. 

GROS INVESTISSEUR ÉNERGÉTIQUE

Si Hydro-Québec a besoin de partenaires financiers pour réaliser son plan d’action, on serait fous de ne pas compter sur la Caisse.  

Elle a non seulement les poches profondes avec les 424 milliards $ d’actifs nets qu’on lui a confiés, mais, en plus, il faut savoir que la Caisse a effectué un peu partout dans le monde des placements importants dans des infrastructures de production d’électricité.  

DES EXEMPLES ?
  • La Caisse est présente dans un réseau stratégique de transport d’électricité de 695 km au Brésil. 
  • En 2015, la Caisse a participé à l’acquisition du bail de 99 ans du plus grand réseau de transmission d’électricité en Australie. 
  • Elle a investi en 2016 dans la Plateforme d’investissement dans des actifs de production d’énergie thermique, hydroélectrique et de distribution en Inde. 
  • En 2018, elle a prêté de l’argent à l’entreprise colombienne de production d’électricité Empresas Públicas de Medellín (EPM).  
  • En 2021, la Caisse a consolidé son rôle d’investisseur majoritaire d’Énergir, dont la moitié des actifs (8 milliards $) sont aujourd’hui liés à la production et à la distribution d’électricité et d’énergies renouvelables et aux services énergétiques.  
  • En 2022, la Caisse a acquis le portefeuille d’actifs de transport d’électricité du Groupe Terna au Brésil, au Pérou et en Uruguay.  
  • Également en 2022, elle a haussé sa participation dans Apraava Energy, qui est appelée à jouer un rôle clé dans la décarbonation de l’économie indienne. 

Il ne reste plus qu’à souhaiter que le « courant » passe bien entre le nouveau patron d’Hydro-Québec Michael Sabia et son successeur à la tête de la Caisse, Charles Emond !  

Publicité
Publicité