Hydro-Québec abat des arbres de 40 ans à la tronçonneuse


David Descôteaux
Une dizaine d’arbres matures, certains âgés de plus de 40 ans, ont été abattus dans le cadre de travaux d’entretien du réseau électrique. Si Hydro-Québec invoque la sécurité et la fiabilité du service, plusieurs résidents de Laval déplorent une décision expéditive qui prive leur milieu de vie d’un précieux écran de verdure et d’intimité.
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«Ce n’était pas nécessaire! lance Francis Prieur, un résident de la rue de Chevillon. Les arbres étaient à 7 ou 8 m des poteaux. On aurait pu se contenter de l’élagage. Là, ils ont tout rasé.» Le conseiller en relations de travail ne cache pas sa frustration. Il dit avoir écrit à Hydro-Québec, puis à la Régie de l’énergie, mais en vain. «C’est David contre Goliath», soupire-t-il.
Rachel Leblanc, elle aussi du quartier, peine à cacher son émotion. «J’ai vu partir cinq ou six arbres matures, certains ici depuis 38 ans. Les oiseaux n’ont plus d’endroit où nicher. C’est tout un écosystème qu’ils ont détruit.» Elle met en doute la stratégie d’Hydro: «C’est plus facile de tout raser que d’entretenir, on dirait.»

Même son de cloche chez Nicole, une résidente de longue date. «Tous les cinq ans, Hydro venait couper des branches, c’était normal. Mais là... ils ont coupé les arbres au complet! J’ai pleuré en les voyant faire. On se demande: pourquoi, mais pourquoi?»
La Ville de Laval ne pouvait s'y opposer
Hydro-Québec, de son côté, se défend. Dans une déclaration écrite, la société d’État affirme que l’opération visait à réduire la fréquence des pannes, 40% d’entre elles étant causées par la végétation dans le secteur.
«Les arbres coupés étaient susceptibles d’entrer en contact avec les fils ou de tomber dessus en cas d’intempéries», peut-on lire. L’entreprise soutient que les résidents avaient été informés que des travaux allaient être effectués par lettre au printemps et que l’opération a été réalisée avec l’accord de la Ville de Laval.
De son côté, La Ville de Laval dit avoir accepté le plan d’intervention, mais qu'elle n’avait toutefois pas le pouvoir de s’y opposer, Hydro-Québec disposant du droit de procéder à ces travaux afin d’assurer la sécurité de son réseau.

Hydro-Québec évoque aussi l’enjeu climatique: les tempêtes sont plus fréquentes et plus violentes. Son Plan d’action 2035 vise à réduire de 35% le nombre total de pannes dans les prochaines années et de 30% celles liées à la végétation d’ici 2028.
Un encadrement à venir
Selon la Loi sur la Régie de l’énergie, la régie n’a pas compétence actuellement en matière de contrôle de la végétation effectuée par Hydro-Québec. Or, depuis 2024, le gouvernement autorise Hydro-Québec à effectuer des coupes d’arbres à sa discrétion et réaliser des travaux sur les terrains privés sans avoir à demander de permission aux propriétaires.
Cela dit, le projet de loi 69 récemment adopté prévoit l’élaboration d’un règlement encadrant cet aspect, qui doit être défini au plus tard le 7 juin 2026. La mise en place de cette réglementation permettra de baliser les pratiques de contrôle de la végétation en lien avec le réseau de distribution d’électricité, affirme la régie.
Mais pour les citoyens de la rue de Chevillon, le mal est fait: la verdure et les oiseaux sont partis, l’ombre que procuraient les arbres aussi. Il ne reste qu’une arrière-cour jonchée d’arbres couchés par terre, que la Ville de Laval doit ramasser dans les prochains jours.
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