Inflation: Hydro-Québec fera sa part à court terme
La société souhaite toutefois revoir dans l’avenir les tarifs afin de s’ajuster au marché


Nicolas Lachance
Touchée également par la crise inflationniste, Hydro-Québec accepte de faire un «supplément d’âme» en ne s’opposant pas au plafond de 3% de l’augmentation des tarifs que lui imposera Québec. Mais tôt ou tard, ceux-ci devront être revus à la hausse, admet la PDG de la société d’État.
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«À court terme, 3% l’an prochain, ça parait quelque chose qui est sensible compte tenu de l’évolution de la pression sur les coûts, compte tenu de ce qui se passe avec l’inflation en général», a affirmé la PDG d’Hydro, Sophie Brochu, précisant que des choix collectifs devront être pris dans les prochaines années.

Pour l’instant, les prix sont assujettis à l’inflation et sont révisés aux 5 ans devant la Régie de l’énergie. En raison de la crise, Québec a décidé qu’elle inscrira bientôt dans sa Loi l’interdiction d’augmenter les tarifs au-dessus de 3%, même si l’inflation est plus haute.
Entre temps, Mme Brochu souligne que les pressions inflationnistes sont réelles et qu’elles pèsent fortement sur le secteur l’énergie.
Mais, dans cette période d’incertitude, il faut faire preuve de ce qu’elle appelle «un supplément d’âme» afin de réfléchir à des moyens pour aider les gens à court terme.
«Je pense que c’est ce que le gouvernement a fait», a-t-elle mentionné lors d’une mêlée de presse à la suite de l’étude des crédits mardi après-midi. «Nous, chez Hydro, tout ce qu’on peut faire pour aider les gens à consommer moins, ça, ça aide parce que ça baisse le niveau absolu de consommation.»
Défi pour Hydro
Toutefois, dit-elle, Hydro-Québec a des salaires et des charges courantes à payer qui subissent également l’inflation. Idem pour les investissements.
Par exemple, les transformateurs installés sur les poteaux électriques coûtent 25% plus cher qu’à l’habitude.
«On va l’amortir sur 40 ans», précise-t-elle. «Alors, ce 25% supplémentaire va avoir un impact dans la durée, mais qui va être plus faible.»
À long terme, Hydro ne pourra toutefois pas tenir ce rythme, surtout avec les nombreux investissements qui seront réalisés dans les prochaines années, notamment avec les gros projets éoliens.
«C’est sûr que si l’inflation demeure très élevée durant longtemps, et bien on va devoir avoir une trajectoire qui graduellement va se ramener vers l’inflation», a-t-elle mentionné, admettant qu’avec le plan que la société d’État propose, la tarification devra être ajustée.
Investissements et tarifs
«Dans notre plan stratégique, on le dit. Il y a des inducteurs de coût. Et l’un des inducteurs de coût, avant même l’application de l’inflation. Nos investissements, qui étaient de l’ordre de 3,7 G$, vont être à peu près à 5 G$ pour supporter les ajouts de charges qui viennent de la transition énergétique. Mais aussi pour investir tout ce que nous n’avions pas investi en maintenance dans les dernières années. On est rendu là et nous sommes en rattrapage. Ça met une pression sur les tarifs», a expliqué Sophie Brochu, soutenant que les coûts sont toutefois amortis sur de nombreuses années. «On va voir ce que sera l’impact, au final, de cette inflation-là.»
Elle mentionne que des investissements pourraient être retardés d’ailleurs en raison de la crise inflationniste actuelle. «Il y aura des décisions à prendre», dit-elle.
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