Huit morts dans un bombardement sur une maternité au Soudan

AFP
Huit personnes ont été tuées dans un bombardement de drone contre une maternité dans la ville d'el-Facher, dans la région du Darfour au Soudan, a indiqué mercredi une source médicale qui a imputé l’attaque aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).
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El-Facher est la dernière grande ville de la vaste région du Darfour, dans l’ouest du Soudan, qui échappe encore au contrôle total des FSR, en guerre contre l’armée depuis avril 2023.
L'attaque, survenue mardi, a fait huit morts et sept blessés dans la maternité de l'hôpital d'el-Facher et «endommagé des bâtiments et des équipements», a indiqué la source médicale qui s'exprimait sous couvert d'anonymat pour des raisons de sécurité.
Cet hôpital est l'un des derniers établissements de santé encore fonctionnels de la ville, assiégée depuis mai 2024 par les FSR qui ont intensifié, depuis août, les tirs d'artillerie et les attaques de drones pour la faire tomber.
Les FSR ont pris, ces dernières semaines, le contrôle de plus en plus de secteurs d’el-Facher.
Appel à un «passage sûr»
Selon les chiffres des Nations unies publiés mardi, plus d'un million de personnes ont fui el-Facher depuis le début de la guerre, représentant 10% de tous les déplacés du pays.
La population de la ville, autrefois la plus grande de la région, a diminué d'environ 62%, a déclaré l’agence des migrations de l’ONU.
Les civils affirment que les frappes quotidiennes les obligent à passer la plupart de leur temps sous terre, dans de petits abris de fortune que les familles ont creusés dans leur cour.
Après plus d’un an de siège, la ville – abritant 400 000 civils pris au piège – est presque à court de tout.
La semaine dernière, l'ONU a souligné la nécessité urgente d’assurer la protection des civils qui s’y trouvent encore, y compris ceux qui pourraient ne pas être en mesure de partir, comme les personnes âgées ou celles souffrant de maladies chroniques.
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a notamment demandé la mise en place d'«un passage sûr» pour que les civils qui souhaitent quitter la ville puissent le faire de façon «volontaire», et réclamé un accès immédiat et sans entrave pour l’aide humanitaire.
La majorité des cuisines communautaires de la ville ont été contraintes de fermer faute de nourriture, selon les comités de résistance de la ville, des groupes bénévoles qui coordonnent l’aide.
Même la nourriture pour animaux grâce à laquelle des familles ont survécu pendant des mois est devenue rare et son prix a augmenté.
Près de 80% des foyers nécessitant des soins médicaux ne peuvent pas y avoir accès, selon les Nations unies. Les équipes médicales épuisées se démènent déjà pour soigner les blessés des attaques quotidiennes contre la ville.
Les médecins, utilisant des connexions Internet par satellite pour contourner une coupure des communications, disent avoir recours à des morceaux de moustiquaires comme substitut de gaz.
La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué ce que l’ONU qualifie de «pire crise humanitaire au monde».