Hôtel de luxe: non à la privatisation du parc Jean-Drapeau par Loto-Québec
Le projet d’hôtel de 200 chambres est considéré par ses opposants comme une nouvelle tentative de marchandisation de l’espace public.


Martin Jolicoeur
L’annonce de construction par Loto-Québec d’un hôtel de luxe de 200 chambres au parc Jean-Drapeau, pour desservir la clientèle du Casino de Montréal, était à peine terminée lundi matin que des usagers du parc et élus montréalais prenaient la parole pour s’y opposer avec vigueur.
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«Il s’agit là d’une nouvelle entreprise de privatisation du parc», a déploré Roger La Roche, historien et représentant des Amis de l’Expo. «Ce projet est non seulement inacceptable, mais non recevable. Le terrain a beau appartenir à Loto-Québec, il est situé dans le plus grand et l’un des plus vieux parcs municipaux de Montréal. En aucun cas, nous ne pouvons accepter une chose pareille.»
Le conseiller municipal montréalais Craig Sauvé n’en pense pas moins. «Le parc Jean-Drapeau est un joyau qui mérite d’être mis en valeur, mais certainement pas en y ajoutant un hôtel de luxe, a déclaré le représentant de l’arrondissement du Sud-Ouest. Je ne peux pas croire que la Ville va laisser construire un hôtel au centre d’un parc de prestige. C’est une marchandisation de l’espace public carrément inacceptable.»

Entre 2018 et 2019, l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) avait tenu de vastes consultations sur l’avenir du parc. Le rapport produit par l’OCPM recommandait la conservation des espaces bleus et verts du parc, la mise en valeur du patrimoine du parc et l’affirmation résolue de son caractère public et accessible.
La population serait perdante
Selon le conseiller Sauvé, avoir un hôtel de luxe dans ce parc irait à l’encontre de ces recommandations. Il contreviendrait également, croit-il, à plusieurs principes du nouveau Plan directeur du parc, adopté par le conseil municipal en 2021.
«Loto-Québec va louer à une clientèle aisée de belles vues du circuit de Formule 1 depuis les balcons de ses suites luxueuses, déplore-t-il. Mais c’est la population montréalaise qui sera perdante en perdant l’accès à tout un secteur de l’île Notre-Dame.»

Roger La Roche dénonce «l’hypocrisie» dans ce dossier de la direction de la Société du parc Jean-Drapeau, de Loto-Québec, de Tourisme Montréal et du Conseil municipal. Il peine aussi à s’expliquer comment la mairesse Valérie Plante, laquelle «se targue d’avoir un agenda environnemental», peut appuyer un tel projet.
«Pourquoi pas un hôtel adjoint au chalet du Mont-Royal ou encore à l’Arborétum du Jardin botanique, tant qu’à y être?» demande-t-il. Tout en invitant la population à s’opposer au projet en signant la pétition qu’il a diffusée sur la page Facebook Expo 67, il conseille à la mairesse de confier le dossier sans tarder à l’OCPM. Ce serait là, selon lui, sa meilleure porte de sortie à l’approche des prochaines élections.