Hôpital Maisonneuve-Rosemont: la crise a permis de trouver l’argent

Christian Dubé a été piger dans les budgets d’infrastructures inutilisés par ses collègues aux Transports et en Éducation, entre autres, pour lancer les travaux à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. Le nouvel établissement, promet-il, ouvrira ses portes en 2035-2036. 

M. Dubé était tout sourire en sortant du Conseil des ministres mercredi. «C’est une très bonne journée pour moi, aujourd’hui, et c’est surtout une bonne journée pour les patients», a déclaré le ministre de la Santé.

Au cœur d’une tempête médiatique depuis une semaine, l’hôpital de l’est de Montréal obtiendra finalement les 85 millions $ nécessaires pour creuser son nouveau stationnement, première phase de sa reconstruction.

Par la suite, les pépines poursuivront les travaux, assure le ministre, si bien que le tout sera terminé d’ici dix ans. Il refuse toutefois de s’avancer sur le budget global afin d’éviter d’orienter les appels d’offres.

«Le projet a été accepté dans son entièreté», a assuré Christian Dubé. Le nouvel hôpital comprendra 720 lits en chambres individuelles et un nouveau bloc opératoire.

Le lancement des travaux avait été repoussé ce printemps, en raison de l’état des finances publiques.

Mais l’orage de la semaine dernière a forcé Québec à trouver les fonds nécessaires, devant la désuétude évidente des lieux. En plus de faire voler les vitres en éclats, les vents ont causé une panne de courant généralisée dans l’établissement de santé. Les génératrices d’urgence, elles, ont fait défaut.

L’annonce du ministre n’impressionne toutefois pas son critique solidaire, Vincent Marissal, qui demande à voir un plan chiffré.

«Contrairement à toutes les annonces de ce type, le ministre Dubé nous dit qu’il veut aller de l’avant, sans chiffres, sans véritable échéancier, sans plan global. Après nous avoir bernés deux fois, la CAQ ose nous demander un acte de foi!» a-t-il dit.

Partout au Québec 

En plus de HMR, le ministre de la Santé a obtenu environ 115 millions $ supplémentaires pour poursuivre la planification de 26 autres projets partout au Québec.

Le communiqué du gouvernement précise que cela inclut l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska, où une élection partielle doit avoir lieu d’ici six mois, après la démission de l’ex-député caquiste Éric Lefebvre.

L’argent viendra des projets d’écoles, de routes et d’autres infrastructures qui tombent à l’eau chaque année, par exemple en raison du retrait d’un fournisseur.

Bon an, mal an, de «5% à 10%» de la centaine d’ouvrages gérés par Québec sont ainsi retardés, dit le ministre. «Tout d’un coup, il se fait un trou de 200 millions $» sur une enveloppe totale de 19 milliards $, a expliqué Christian Dubé.

Le ministre s’est donc entendu avec Bernard Drainville et Geneviève Guilbault pour récupérer ces sommes et les diriger vers le réseau de la santé.

Pourtant, de nouvelles écoles et des routes ont également dû être reportées ce printemps, en raison des compressions.

Pas seulement Montréal 

Mais, en finançant ainsi une trentaine de projets partout au Québec, le premier ministre François Legault pourra continuer d’affirmer qu’il ne délaisse pas les régions au profit de la métropole.

La semaine dernière, le leader caquiste assurait que le financement de HMR l’obligerait à sabrer ailleurs sur le territoire.

Du même souffle, il accusait les libéraux de défendre cet hôpital en particulier parce que le parti est «surreprésenté à Montréal».

«La CAQ, c’est un parti des régions», soulignait François Legault.