Hôpital de Saint-Jérôme: attaché sur une civière, il est laissé dans son urine une nuit à l’urgence


Nora T. Lamontagne
Un quinquagénaire a passé de longues heures dans son urine, attaché sur une civière des urgences de l’Hôpital régional de Saint-Jérôme, la semaine dernière, une situation qui n’aurait jamais dû arriver, selon le CISSS.
« J’étais hors de moi. Mon mari est malade, je l’envoie à l’hôpital pour qu’il soit en sécurité et c’est pire », s’insurge Nathalie Jean, la femme d’Alain Richard.
L’homme de 57 ans a passé une horrible nuit jeudi dernier, à l’Hôpital régional de Saint-Jérôme, après s’y être présenté pour des pertes d’équilibre fréquentes.
- Écoutez l'entrevue avec Amélie Boisclsir à l’émission de Philippe-Vincent Foisy diffusée chaque jour en direct 7 h 45 h via QUB radio :
Au cours de la nuit, une infirmière a décidé d’appliquer des mesures de contention à son endroit, qui ne sont normalement utilisées qu’en dernier recours.

Le CISSS des Laurentides n’a pas justifié cette décision en réponse aux questions du Journal, mais il reconnaît que la situation « n’aurait pas dû se produire » et fera enquête pour éviter qu’elle ne se répète.
Une nuit interminable
M. Richard, lui, croit qu’il a été traité ainsi parce qu’il a utilisé le bouton d’appel à répétition pour demander de l’aide pour faire ses besoins, mais en vain.
Le retraité raconte qu’il a été attaché par les chevilles et les poignets sans pouvoir se rendre aux toilettes, ce qui l’a obligé à s’uriner dessus, malgré ses supplications et au mépris de toute dignité.
« Le lendemain matin, j’étais dans le pipi et gelé », témoigne le malade, de son lit d’hôpital.
Pour rajouter à son malheur, il prend de la médication qui le fait uriner fréquemment.
Ce n’est que vers 7 h du matin qu’une infirmière l’a nettoyé et lui a donné une couverture pour qu’il se réchauffe.
À ce moment, il a enfin pu communiquer avec sa famille, qui s’inquiétait.
« Je n’ai jamais entendu mon père pleurer comme ça. Je n’imagine même pas comment il a dû se sentir », a laissé tomber sa fille, Mélina Richard-Jean.
Celle-ci a déposé une plainte à l’hôpital.
Suivi serré
Paul Brunet, du Conseil pour la protection des malades, rappelle que la contention – peu importe sa raison – requiert un suivi serré pour assurer les soins du patient, d’autant plus qu’il est immobilisé.
« Il y a des choses qu’on est supposé faire ensuite, par exemple, lui permettre de faire dans une bassine ou lui apporter un contenant pour qu’il puisse uriner », illustre le président de l’organisme.
Le CISSS affirme aussi avoir communiqué avec la conjointe d’Alain Richard pour faire toute la lumière sur sa situation.
Ce matin, Nathalie Jean attendait toujours un appel de sa part.
Les mesures de contrôle, telles que la contention physique, « sont mises en place lorsque l’intervenant est appelé à agir auprès d’un usager qui présente un comportement inhabituel et imprévu, susceptible de le mettre en danger ou de mettre autrui en danger », précise le CISSS des Laurentides.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.