Hockey: du chialage facile, immature et niaiseux

Le Canada affrontera les États-Unis en finale de la Confrontation des 4 nations.

Je parie que les Américains, cette fois, ne seront pas hués puisqu’ils joueront chez eux.

La poignée de Canadiens qui fera le déplacement n’aura pas le «courage» que donne le fait d’être en grand nombre et chez soi.

Agir

Pourquoi les huées de samedi à l’endroit des joueurs américains à Montréal m’ont-elles fait autant suer?

Surtout pas parce que le sport devrait être «apolitique».

Seule une nouille intégrale refusera de voir que, depuis la Grèce antique, le sport de haut niveau est utilisé par les pouvoirs politiques pour promouvoir leurs intérêts.

Pourquoi mon agacement alors?

Grand parleur, petit faiseur, dit-on au Québec.

«Talk the talk, walk the walk», disent les Américains.

Huer et s’en tenir à cela, c’est enfantin et vain. On crève son petit bouton de mauvaise humeur.

Mais c’est aussi un reflet de notre époque qui a l’indignation facile et la mobilisation difficile.

On se choque... et puis après? De grâce, surtout rien de trop forçant après.

Prenez une autre forme de protestation classique: le boycottage.

Efficace? Ça se discute.

Vous n’achetez plus de céleri venant des États-Unis?

Et si le cultivateur est anti-Trump?

Et si le céleri a été cueilli par un pauvre Mexicain?

Au moins, celui qui boycotte fait un sacrifice: il se prive du produit.

Il ne mange pas de céleri, ne va pas en Floride, vend sa Tesla, etc.

Celui qui hue les joueurs américains... a déjà payé le gros prix pour asseoir son derrière au Centre Bell... et voir le match.

Il ne se prive de rien, se défoule, se donne bonne conscience sans rien sacrifier.

Mieux, il enrichit la LNH! Gary Bettman est mort de rire.

Les joueurs américains sont-ils des militants de Trump? Non.

Trouvez-moi méprisant si vous voulez, mais à les écouter parler, je doute qu’ils soient capables de nommer trois politiques de Trump, trop occupés qu’ils sont à «travailler dans les deux sens de la patinoire» (ah, les merveilleux clichés du hockey!).

On peut certes huer une performance minable, mais on huait ici pour une raison sans rapport avec la performance.

Et des tas d’Américains détestent Trump.

Va-t-on huer les artistes américains qui débarqueront à la Place des Arts?

Révélateur

À la limite, j’aurais pu comprendre des pancartes dans les gradins ciblant Trump.

Voilà qui aurait été précis. Mais Connor Hellebuyck? Jake Guentzel? Franchement...

Un sacrilège, les huées? Un scandale? Non, juste un petit défoulement niaiseux, impoli, superficiel et sans conséquences.

Mais je le redis: c’est tellement révélateur de notre époque. On met un emoji sur une page Facebook et on pense qu’on vient de poser un geste «engagé».

Huez donc Geoff Molson et le Canadien. Engranger de tels revenus en échange d’un tel produit, voilà un authentique scandale.