HMR: la CAQ pourrait utiliser les fonds dans l’enveloppe centrale du PQI pour lancer les travaux, mais préfère garder ces sommes pour des cadeaux électoraux

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti Québécois
Les semaines se suivent et la situation à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont ne cesse de se détériorer. Le Québec entier a vu ce qui se passait là-bas: les écureuils, les fuites d’eau, la piètre qualité de l’air, les trous dans les murs qui tiennent avec de la broche, des fenêtres qui explosent et des pannes d’électricité. Une vraie honte qui déprime les gens de ma circonscription, mais surtout qui met en péril leur vie et leur sécurité.
Malgré les nombreux cris d’alarme et le besoin urgent, le gouvernement Legault continue de s’entêter à renier sa parole et à briser sa promesse de commencer les travaux de rénovation. Ça devait d’abord débuter en octobre 2024, puis finalement... maintenant; tout est prêt sur le terrain depuis un an pour commencer les travaux.
François Legault, Christian Dubé et Sonia LeBel ne cessent de répéter qu’il n’y aurait pas d’argent disponible pour démarrer les travaux à l’hôpital. Chaque fois qu’on lui demande de démarrer les travaux de l’HMR, Legault nous place devant le dilemme selon lequel il devrait mettre fin aux travaux dans d’autres hôpitaux. Or, il s’agit d’un faux dilemme, d’une mise en scène, puisque le gouvernement a réservé la somme de 15 milliards $ d'une enveloppe centrale pour le Plan québécois des infrastructures (PQI) «pour assurer la contribution financière à des projets majeurs priorisés». Cet argent est disponible et pourrait être tout de suite utilisé sur l’HMR, avec une approbation du Conseil des ministres et du Conseil du trésor.
Décision d’intérêt politique
En clair, l'inscription complète du projet de l’HMR dans l’enveloppe centrale ne nuirait ni à ces projets déjà en réalisation ni à l’entretien des actifs existants financés par le budget du PQI de 164 G$, hors enveloppe centrale. La CAQ essaie simplement de gagner du temps et se trouve une nouvelle manière de faire diversion pour conserver ces 15 milliards à d’autres fins. Comme la décision de la CAQ de retarder les travaux de rénovation de l’HMR est d’abord et avant tout une décision d’intérêt politique, vous vous doutez évidemment de l’endroit tout cela bloque: au bureau du premier ministre.
Nous sommes donc devant le scénario dans lequel la CAQ retiendrait les 15 milliards de cette enveloppe pour ses engagements électoraux, notamment celui du troisième lien. Pour ce faire, le stratagème de François Legault serait d’annoncer seulement le stationnement de l’HMR pour moins de 100 M$, sans provisionner les sommes pour les phases subséquentes de l’hôpital. Quelques mois avant les élections, il s’engagerait formellement dans toutes les phases de certains projets qui sont plus payants électoralement comme le troisième lien, de sorte qu’il n’y aurait plus de sommes disponibles pour l’HMR dans cette enveloppe centrale.
Ce scénario cadre parfaitement avec les déclarations de Geneviève Guilbault, qui a affirmé à plusieurs reprises vouloir lier le gouvernement du Québec dans la construction du troisième avant la fin du mandat. Des sommes de 46 M$ et de 15 M$ ont d’ailleurs été engagées il y a deux semaines pour d’autres études sur le troisième lien, pendant que rien ne bouge à l’HMR et qu’on a déjà dépensé 120 M$ en études sur le troisième lien qui n’ont mené à rien.
Engagements
Je demande aujourd’hui personnellement à François Legault de prendre ses responsabilités et d’attribuer les sommes qu’il avait promises à plusieurs reprises pour la rénovation de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. Les deux seuls critères qui devraient être utilisés pour prioriser des projets sont le niveau de vétusté de l’installation et les besoins de la population. Il ne fait aucun doute que l’HMR, qui dessert 10% de la population québécoise et qui tombe en ruine depuis tellement d’années, est en haut de la liste dans ces deux catégories.
Je demande également à François Legault de s’engager, comme il l’avait promis, pour la totalité de l’enveloppe de cinq milliards nécessaire à la réalisation entière des travaux. Tous les grands projets hospitaliers précédents, du CHUM au CHU de Québec, ont bénéficié d’un engagement financier global. L’HMR ne doit pas faire exception. L’est de Montréal a besoin d’un hôpital, pas d’un parking. C’est une urgence nationale. L’HMR ne soigne pas que des Montréalais. Il a des champs d’expertise qui profitent à tout le Québec. En effet, c'est l'un des seuls hôpitaux francophones pouvant traiter les mères et les nouveau-nés dans le même établissement. Il est aussi leader dans le domaine des sarcomes, de la greffe de la cornée, et bien plus. Soixante pour cent des chirurgies et des visites en clinique externe sont des usagers hors de Montréal.
En refusant de provisionner maintenant les cinq milliards nécessaires, le gouvernement tourne le dos à l’ensemble des Québécois, car il trahit sa parole et démontre que nous sommes gérés à la petite semaine, à coups de sondages et d’arbitraires douteux. Et ce faisant, on abandonne un hôpital en crise, au détriment de milliers de patients et de professionnels.
L’heure n’est plus aux demi-mesures ni aux fausses promesses. L’heure est au respect des engagements pris. Les Québécois jugeront encore plus sévèrement qu’ils le font déjà le règne de la CAQ si le premier ministre, François Legault, continue à refuser de rénover cet hôpital et à ne pas respecter sa parole.

Paul St-Pierre Plamondon
Chef du Parti Québécois