Hells Angels: l’ex-tueur à gages devenu délateur Serge Quesnel ramené en détention
L’ancien homme de main des motards, qui était devenu le délateur le mieux payé de l’histoire du Québec en 1995, aurait enfreint des obligations de sa libération conditionnelle

Eric Thibault
L’ex-tueur à gages Serge Quesnel, l’un des délateurs les mieux rémunérés au Québec pour avoir dénoncé ses anciens acolytes des Hells Angels, est de retour derrière les barreaux.
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Le délateur de 55 ans, qui a avoué cinq meurtres, s’est fait arrêter en juin dernier à la suite de la suspension de la libération conditionnelle dont il bénéficiait depuis presque dix ans, a appris notre Bureau d’enquête.

Quesnel, qui vit sous une nouvelle identité et dont le statut de témoin repenti lui permet de profiter de mesures de protection offertes par la Sûreté du Québec, aurait enfreint des obligations que les autorités fédérales lui ont imposées, selon nos sources.
La SQ n’a pas confirmé nos informations, tandis que la nature exacte des manquements reprochés à Quesnel et l’établissement carcéral où il est détenu restent secrets.

On sait toutefois que le sort du délateur originaire de Québec sera bientôt réévalué par la Commission des libérations conditionnelles du Canada.
Régime sec
La Commission avait autorisé Quesnel à refaire sa vie au sein de la population en novembre 2015, moyennant certaines obligations.
Le délateur s’était notamment fait imposer un régime sec en raison de ses problèmes antérieurs de consommation d’alcool.
Il devait aussi s’abstenir de consommer toute drogue et de fréquenter toute personne liée au crime organisé ou traînant un casier judiciaire.
Au procès de «Mom» Boucher
Quesnel a connu moins de succès comme témoin de la Couronne devant les tribunaux qu’un autre célèbre délateur issu des rangs des Hells, Stéphane «Godasse» Gagné.
En 1998, à Montréal, au premier procès du chef déchu des Hells, Maurice «Mom» Boucher, pour avoir commandé les meurtres de deux agents correctionnels, c’est Quesnel qui fut le premier témoin appelé par la Couronne.

L’avocat de Boucher, Me Jacques Larochelle, l’avait vite fait mal paraître devant les 12 jurés, donnant le ton à ce procès qui allait se solder par l’acquittement du leader des motards, comme relaté dans le dernier livre de notre Bureau d’enquête, Godasse, le vrai visage d’un tueur des Hells.
C’est après un second procès, où Gagné a livré un solide témoignage sans qu’on fasse appel à Quesnel, que Boucher a finalement été trouvé coupable, en 2002.
Les deux premiers Hells que Quesnel a fait accuser, Louis «Melou» Roy et Sylvain «Baptiste» Thiffault, avaient aussi été acquittés de meurtre au printemps 1997.
500$ par semaine
Les Hells Angels avaient recruté Quesnel comme tueur à gages alors qu’il était détenu au pénitencier de Donnacona.
Entre l’hiver 1993 et le printemps 1995, Quesnel a perpétré cinq assassinats. Les victimes étaient Richard Jobin, Martin Naud, Jacques Ferland, Claude Rivard ainsi que Richard Delcourt, un trafiquant à qui il a souhaité «bonne nuit» avant de le cribler de balles à l'aide d'un revolver Magnum 357.
Mais sa carrière de tueur a pris fin le 1er avril 1995 quand son ami et complice Michel «Pit» Caron est lui-même devenu délateur et l’a incriminé.
Serge Quesnel s’est lui aussi résigné à collaborer avec la justice.
En échange de ses confessions, l’État lui a consenti une allocation hebdomadaire non imposable de 500$ pour une durée de 15 ans, soit un total de 390 000$. Ce contrat faisait alors de lui le délateur le mieux payé de l’histoire du Québec.
L’État s’était aussi engagé à effacer ses tatouages, dont celui d’une larme près d’un œil.