Hausse marquée des cas de tuberculose et de syphilis à Montréal

Alexandra Lopis
Montréal a connu une recrudescence de certaines maladies infectieuses en 2024, notamment la tuberculose, selon les récentes données de la Santé publique qui révèlent également que près de la moitié des personnes diagnostiquées n’étaient pas assurées par la RAMQ.
La tuberculose, maladie transmissible par voie aérienne et aux conséquences potentiellement graves, a enregistré une hausse particulièrement marquée des cas de 53% par rapport à la moyenne annuelle des dix dernières années.
Le nombre de cas est passé d’une moyenne de 123 de 2014 à 2023, à 203 cas en 2024.
Cette augmentation «rompt avec la stabilité observée au cours des années précédentes, qui faisait suite à une tendance à la baisse observée pendant plusieurs décennies», a souligné la Direction régionale de santé publique de Montréal (DRSP) dans son rapport sur les tendances épidémiologiques publié à la fin du mois d’avril.
Les cas de tuberculose touchaient surtout les jeunes adultes: 33 % des cas concernaient les 18 à 34 ans, 25 % les 35 à 49 ans, 18 % les 50 à 64 ans, 19 % les personnes âgées de 65 ans et plus, et 5 % concernaient les enfants et adolescents (0 à 17 ans).
Fait particulièrement préoccupant: 48% des personnes diagnostiquées en 2024 n’étaient pas assurées par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), comparativement 9% en 2015, ce qui amène à réfléchir sur les questions d’accessibilité aux soins.
«La tendance à la hausse des cas confirmés de tuberculose en 2024 souligne le besoin de rehausser les efforts de prévention et l'accès aux soins pour la tuberculose (...). La proportion croissante de personnes sans couverture RAMQ invite à considérer la création de stratégies ou programmes, à l'instar d’autres provinces canadiennes, pour diminuer les barrières d’accès pour la prise en charge et traitement de la tuberculose chez les personnes sans assurance maladie adéquate», peut-on lire dans le document.
La syphilis en progression
La syphilis, cette infection transmissible sexuellement (ITS) qui avait presque disparu avant les années 2000, connaît une résurgence depuis 25 ans à l’échelle mondiale — et Montréal n’y échappe pas.
En 2024, la métropole a recensé 556 cas de syphilis infectieuse, contre 348 en 2014, soit une augmentation de 60% en dix ans.
Si les hommes demeurent les plus touchés par cette infection souvent asymptomatique, avec un taux dix fois plus élevé que chez les femmes, la progression la plus marquée est observée chez les femmes, où les cas sont passés de 12 en 2014 à 56 en 2024, représentant une hausse de 367%.
Pour la DRSP, cette évolution suggère que l’épidémie s'étend à la population hétérosexuelle et a des répercussions directes sur la santé des nouveau-nés: «Cette dynamique de transmission contribue à la hausse des cas de syphilis congénitale à Montréal. Des soins prénataux inadéquats en raison de divers facteurs de vulnérabilité ont été notés chez les personnes ayant donné naissance à des bébés atteints de syphilis congénitale».
À Montréal, un cas de syphilis congénitale a été rapporté dans la région de Montréal en 2020, trois en 2021, sept en 2022, six en 2023 et six en 2024 pour un total de 23 cas en cinq ans. De plus, 25% des cas de syphilis congénitale ont eu des conséquences mortelles pour les bébés à naître.
Coqueluche et rougeole
La coqueluche, une infection contagieuse des voies respiratoires qui touchent surtout les bébés, est aussi sous le radar de la Santé publique qui dénombre près de 1500 personnes à Montréal en 2024, des chiffres qui semblent relativement stables.
Après une accalmie de plusieurs années, la rougeole a fait un retour remarqué en 2024: alors qu’aucun cas n’a été déclaré à Montréal entre 2019 et février 2024, 23 cas ont été enregistrés entre février 2024 et juin 2024.
Parmi les personnes atteintes, 11 étaient âgées de 18 à 39 ans et 91% de ces adultes n’étaient pas considérées protégées contre la maladie, note la DRSP qui rappelle que la couverture vaccinale reste le meilleur moyen de s’en protéger.