Hausse de jusqu’à 75% des nouveaux travailleurs de la construction sans diplôme


Louis Deschênes
Le nombre de nouveaux travailleurs de la construction sans diplôme d’études professionnelles (DEP) a bondi de 32% sur une dizaine d’années, une situation préoccupante confirmée par une nouvelle étude.
Selon les données de l’Institut du Québec, la proportion d’employés sans formation spécialisée qui débutent en construction est passée de 43% en 2014 à 75% en 2023.
Félix Rhéaume, de l’Association de la construction du Québec (ACQ), explique que ce pourcentage élevé se traduit par des dizaines de milliers de travailleurs qui ont appris le métier directement sur le chantier.
«Quand on parle de 75%, il y a un effet sur le bassin global de travailleurs de la construction au Québec. Depuis quelques années, c’est au-delà de 80 000 travailleurs qui ont intégré l’industrie sans formation», dit M. Rhéaume, ajoutant que la productivité en souffre.
La formation en baisse
L’apprentissage sur le terrain vient répondre à un besoin immédiat et criant de main-d’œuvre, mais cette solution rapide a d’importantes répercussions sur la popularité des cours de formation professionnelle.
L’étude révèle que les inscriptions aux DEP en construction ont chuté de 8% depuis 2013.
De plus, le nombre de travailleurs sans formation nuit à la rétention du personnel parce que 40% des non-diplômés quittent l’industrie après cinq ans, contre 24% si les employés sont diplômés.
«C’est incontournable. Il faut former plus de personnes [...] Chez les femmes, c’est encore plus élevé à environ 50%. Ça veut dire que la réalité qu’ils ou qu’elles vivent sur le chantier ne correspond pas à leurs attentes», observe Félix Rhéaume.
Ce dernier continue de marteler que la pénurie de main-d’œuvre demeure le principal enjeu pour les employeurs.

Encore difficile de recruter
À la fin de 2024, près de la moitié des entrepreneurs sondés, soit 48%, prévoyaient des difficultés de recrutement.
«Il y a des métiers plus populaires, mais globalement, on peut dire que ça ne fonctionne pas à plein régime», admet le directeur aux affaires publiques et gouvernementales de l’ACQ.
Pourtant, les chiffres démontrent que les jeunes sont attirés par les métiers de la construction, puisque 40% des travailleurs ont moins de 35 ans, comparativement à 27% dans le secteur manufacturier.
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