Hausse du salaire des élus: François Legault rate la cible


Karine Gagnon
Le premier ministre François Legault n’a pas tort d’affirmer que le Québec était dû pour un rattrapage sur le salaire des élus. Toutefois, le projet de loi sur la question rate la cible à bien des égards et ça coûtera cher aux contribuables.
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Le processus qui a mené à cette hausse de la rémunération de base des élus – de 101 561 $ à 131 766 $ – comporte en effet plusieurs rendez-vous manqués.
Basé sur un rapport formé notamment des ex-députés Lise Thériault (PLQ) et Martin Ouellet (PQ), il constitue un recul important, comparé aux recommandations du comité L’Heureux-Dubé, en 2013.
Primes maintenues
D’abord, le précédent rapport, vite tabletté, avait le mérite de se pencher sur la rémunération globale des élus. Il recommandait d’éliminer les extras que reçoivent les députés siégeant à des comités ou des commissions.
En rémunérant les députés uniformément, on aurait revalorisé le travail de législateur, tâche principale de ces élus, qui en a bien besoin.
Les revenus réels auraient aussi été plus transparents. Et cela aurait eu le mérite d’enlever du pouvoir, trop grand dans notre système, aux chefs de partis qui distribuent les primes.
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La réforme précédente était effectuée à coûts nuls, car on aurait remanié les coûteux régimes de retraite, qualifiés de Ferrari par le président de l’Assemblée nationale de l’époque. Les élus n’y contribuent qu’à 21 %, comparé à 50 % pour nombre de salariés.
C’est ce point qui avait incité François Legault, dans l’opposition, à s’opposer au rapport en 2013. Le récent comité ne s’est d’ailleurs pas penché sur cette question. Il en résultera des coûts importants pour les contribuables.
Juges et parties
Le comité L’Heureux-Dubé recommandait enfin la formation d’un comité permanent dont la décision aurait été exécutoire. Cela aurait évité que les élus deviennent juges et parties.
François Legault avait besoin de remonter le moral de ses troupes avant l’été. Dommage qu’il le fasse sur le dos des contribuables.