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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Hausse des tarifs sur le carbone: QS exemptera les distributeurs d’essence

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Patrick Bellerose | Bureau parlementaire

2022-09-07T17:14:14Z
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La hausse des tarifs sur le carbone sous un gouvernement solidaire exempterait les distributeurs d’essence, afin d’éviter un choc tarifaire à la pompe.  

Québec solidaire a précisé les détails de son plan climat, qui prévoit l’« adoption de nouveaux plafonds dégressifs plus bas » pour la Bourse du carbone, ainsi que quotas d’émissions pour les industries qui émettent plus de 10 000 tonnes de GES annuellement. Les entreprises qui dépassent leurs quotas devraient payer « une taxe dissuasive de 100$ la tonne qui atteindra 200$ la tonne en 2030 ». 

Si elle était appliquée aux distributeurs d’essence, cette politique ferait exploser les prix à la pompe. Québec solidaire a donc décidé d’exempter les distributeurs d’essence de ces nouvelles contraintes. Seuls les tarifs déjà prévus par la Bourse du carbone s’appliqueront. 

Les raffineries, elles, seront soumises aux nouvelles contraintes, mais QS estime que l’impact sur le prix à la pompe sera marginal. 

Le porte-parole de Québec solidaire reconnaît qu’il s’agit d’un «choix politique». « On est en pleine inflation, au Québec et c’est important que la transition écologique elle soit inclusive, pis qu’elle nous permette d’avancer ensemble », dit Gabriel Nadeau-Dubois. 

« En pleine inflation, faire augmenter drastiquement le prix de l’essence à la pompe je pense que ça aurait été une mauvaise décision. Nous avons fait le choix de ne pas faire exploser le prix à la pompe », dit-il. 

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Potentiel de réduction important

Un spécialiste des politiques énergétiques s’étonne de ce choix des solidaires. « C’est paradoxal d’intensifier les contraintes sur le secteur industriel, qui a diminué ses émissions depuis 1990, et d’exempter partiellement le secteur du transport, qui est le plus grand secteur d’émission et de croissance des émissions au Québec », affirme Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC Montréal et titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie. 

« Je ne comprends pas pourquoi on n’insisterait pas, au contraire, sur le secteur du transport : les solutions alternatives sont en fait bien plus présentes dans ce secteur qu’en industrie. La seule explication est électoraliste. Je comprends bien cela... mais d’un point de vue climatique et même économique, ça n’a pas de sens », déplore-t-il. 

Un plan complet

Le chercheur salue toutefois l’approche du plan climat de Québec solidaire qu’il juge être « un des plus complets parce qu’il aborde toutes les facettes des émissions de GES : transport, bâtiments, industrie, agriculture et déchets ». « Il repose sur une modélisation complète du système énergétique et des émissions de GES et identifie les principaux axes d’action à mener pour décarboner le Québec. En ce sens, c’est un bon plan », affirme-t-il.   

Toutefois, l’approche solidaire comporte aussi « des lacunes » puisqu’il insiste peu sur les « changements de comportements, comme le transfert modal des autos individuelles vers le transport collectif et actif ». « Ce sont des efforts de changements qui sont en généralement mal acceptés par les électeurs, qui comme tous les humains ont des résistances au changement. Cette résistance est légitime... mais problématique pour la réduction des GES », note le professeur Pineau. 

« Le plan de QS, tout comme celui des autres partis, refuse d’aborder de front les changements individuels qui seront aussi nécessaires, en plus des changements systémiques et industriels, pour réduire les GES, explique-t-il. Avec une cible de -55% pour 2030, il est d’autant plus important de provoquer des changements individuels (comme utiliser moins son véhicule, manger moins de viande, réduire sa consommation de biens matériels en général) – mais le plan reste assez muet sur ces aspects. Il est muet parce que trop d’électeurs ne veulent pas faire des efforts... et que QS ne veut pas se les mettre à dos. » 

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