Hausse des prix à l’épicerie en 2025: les Québécois redoutent une inflation alimentaire de 10% et changent leurs habitudes d’achat

Julien McEvoy
Les Québécois sont rendus tellement pessimistes face à la hausse du prix des aliments qu’ils pensent qu’un nouveau bond de 10% du panier les attend en 2025.
C’est ce qu’on découvre dans un nouveau rapport publié mardi par l’Université Dalhousie. Cet Indice de consommation alimentaire est un sondage bisannuel qui offre un aperçu des tendances d’achat, de la confiance envers l’industrie et des priorités des consommateurs.
Les Québécois sont 80% à avoir remarqué une hausse des prix à l’épicerie au cours de la dernière année. L’inquiétude des consommateurs monte aussi en flèche.
Les Canadiens déboursent en moyenne 310$ par mois pour leur épicerie et près de 200$ en restauration, indique l’Indice. «L’alimentation est la principale source d’inquiétudes», disent les auteurs.
La tendance ne semble pas près de s’inverser: les attentes pour les 12 prochains mois font état d’une inflation alimentaire anticipée de plus de 10%.
Vrac et jeunes à crédit
Gilles Brodeau, 78 ans, n’achète déjà presque plus de fruits. Le retraité trouve difficile de suivre le coût du panier d’épicerie avec sa pension.
«C’est rendu trop cher», dit-il. Face à cette réalité, les habitudes changent et les gens se tournent vers l’achat en vrac et les rabais.
«Le vrac, c’est vraiment ça qui a la cote», résume Sylvain Charlebois, expert en alimentation à l’Université Dalhousie.
En revanche, les aliments haut de gamme et les coupons perdent du terrain. Les consommateurs, déjà au maximum de leurs efforts frugaux, jonglent avec leurs priorités pour garder le frigo rempli.
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La génération Z est particulièrement vulnérable. Nombreux sont ceux qui doivent puiser dans leurs économies – ou leur crédit – pour manger à leur faim.
«Les plus jeunes en arrachent», résume Charlebois. À l’opposé, les baby-boomers semblent mieux s’en tirer face à la montée des coûts.
Quoi prévoir comme hausse?
Dans ce contexte tendu, les valeurs alimentaires évoluent. L’abordabilité surpasse désormais toutes les autres considérations, devant la nutrition, le goût et les préoccupations environnementales.
Autre tendance notable: l’intérêt croissant pour les aliments locaux, notamment au printemps. Les baby-boomers et la génération Z sont en tête de ce virage.
À 32 ans, Fleur Maury n’est pas prête à faire une croix sur les aliments sains qu’elle achète, mais elle a hâte d’être à l’été pour fréquenter les marchés publics.

«On a le marché Atwater ou le marché Jean-Talon, à la base c’est moins cher d’acheter là», raconte-t-elle.
Malgré tout, la confiance envers le système alimentaire remonte. Les consommateurs disent avoir davantage foi en leurs épiciers, qu’ils soient des indépendants ou de grandes chaînes.
Une bonne nouvelle, tempère Charlebois: «Les augmentations vont être modestes. On est toujours dans la fourchette de 3 à 5% prévue en décembre.»
Mais, pour des millions de Canadiens, même une hausse «modeste» risque d’être une bouchée de trop.
– Avec la collaboration d’Amanda Moisan, de l’Agence QMI
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