Hausse des cancers de la prostate avancés: faut-il revoir les pratiques de dépistage?
Agence QMI
Une étude rapportée mardi par The Globe and Mail met en lumière une hausse des diagnostics de cancer de la prostate au stade 4 au Canada, une évolution observée depuis que les autorités américaines ont recommandé de réduire le dépistage systématique par le test PSA.
Le Dr Thierry Lebeau, chirurgien urologue et chef du Service d’urologie au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, rappelle que la controverse entourant l’antigène prostatique spécifique (PSA) repose surtout sur les risques de surtraitement plutôt que sur le dépistage lui-même.
«Ce qui a été controversé depuis une dizaine d'années c'est qu'on estimait que quand on faisait un test de dépistage, ça venait nécessairement à un traitement, donc nécessairement des fois à du surtraitement. Des maladies peu agressives pour lesquelles on faisait des traitements agressifs», explique le Dr Lebeau, mercredi, en entrevue à QUB radio et télé diffusée au 99,5 FM à Montréal.
Il précise que les professionnels de la santé privilégient désormais un dépistage ciblé, orienté vers les hommes présentant un risque accru. «Les sociétés savantes sont beaucoup plus mitigées actuellement sur l'idée de ne pas recommander du tout le dépistage, mais plutôt de bien le cibler. Donc, de choisir les patients qui vont en bénéficier», indique-t-il.
Selon lui, la majorité des cancers dépistés aujourd’hui sont peu agressifs et peuvent être suivis sans intervention immédiate. «On ne traite pas tout le monde qui a un cancer de la prostate», souligne-t-il, en expliquant que plusieurs patients sont surveillés parce que leur maladie a peu de chances de progresser. «Si on traitait tout le monde, probablement qu’on traiterait des gens qui ne mourraient jamais de leur cancer de la prostate, donc qui ne bénéficieraient pas d’une chirurgie», poursuit-il.
Le Dr Lebeau confirme par ailleurs une augmentation des diagnostics de cancers de la prostate au stade 4 au cours des dix dernières années. Cette hausse pourrait toutefois être attribuée à la diminution du dépistage. «Des cancers qu’on aurait attrapés plus tôt, on ne les attrape pas [...] Si on ne fait pas de dépistage, on n’a aucune chance de les interrompre avant qu’ils progressent», dit-il.
Il rappelle également que le test PSA n’est pas un test définitif. «Ce n’est pas parce qu’on a un PSA qui est élevé qu’on a nécessairement un cancer», souligne-t-il, insistant sur la possibilité de faux positifs et sur l’importance d’une évaluation clinique exhaustive.
Écoutez l’entrevue complète dans la vidéo ci-dessus.