Harris gagne haut la main dans l’univers des faits


Pierre Martin
Difficile d’évaluer un débat quand les protagonistes habitent deux univers parallèles.
Devant le criminel Trump, l’ex-procureure Harris avait le fardeau de la preuve. Elle a bien fait, mais pas de K.O.
Un torrent de mensonges
D’abord, Harris devait mettre Trump sur la défensive sur ses crimes. Elle l’a fait, mais l’anguille s’est défilée en débitant un torrent de mensonges.
Elle devait dénoncer certaines propositions de Trump, notamment sa promesse de déporter des millions de sans-papiers et ses tarifs douaniers prohibitifs. Les propos de Trump sur ces piliers de son programme n’avaient ni queue ni tête. Harris a manqué l’occasion d’en exposer plus clairement la profonde stupidité.
Harris devait également exposer les contradictions de Trump sur l’avortement. C’était assez réussi, mais Trump a enfilé trop de mensonges pour les contrer tous.
Sur la politique étrangère, Trump a rappelé ses affinités avec les autocrates et semblait convaincu que de hurler ses propos les rendrait plus convaincants. À son crédit, Harris a su défendre de façon raisonnable et cohérente les politiques qu’elle entend poursuivre.
Harris devait finalement réussir à faire sortir Donald Trump de ses gonds pour démontrer aux indécis que Trump n’a ni le tempérament ni les capacités cognitives pour devenir le plus vieux président élu de l’histoire des États-Unis. Mission accomplie.
En somme, dans l’univers des faits, de la réalité, de la syntaxe correcte et du respect des normes et conventions, Kamala Harris l’a emporté haut la main. Dans l’univers des performances saugrenues, des « faits alternatifs », des salades de mots et des bullies, Donald Trump ne pouvait pas perdre.
Malheureusement, les électeurs indécis se situent quelque part entre les deux et il est souvent facile pour eux de graviter vers la pensée magique de l’univers Trump, d’autant plus si les médias continuent à faire l’impossible pour normaliser le comportement d’un candidat qui demeure tout sauf normal.