Guy Rocher: le devoir d’agir ensemble


Laure Waridel
Le grand départ de Guy Rocher me met le cœur en berne.
On perd la dernière mémoire vivante de notre Révolution tranquille. Un de ses grands penseurs et surtout, un de ses grands acteurs.
Justice sociale
Guy Rocher a contribué à propulser le Québec hors de sa grande noirceur. Pour lui, l’éducation était essentielle à l’émancipation individuelle tout autant que collective.
Il croyait à l’égalité des chances. Notamment par la démocratisation de l’éducation qui passe par une école publique gratuite, de qualité et laïque, ainsi que par la défense du français.
Ce grand sociologue s’est battu pour la justice sociale. Il avait compris qu’une société est plus riche en partageant. Que la coopération, plus que la compétition, nous enrichit tous mutuellement.
De mille et une façons, il a répété que les sociétés changent lorsque les entités qui la composent se mobilisent.
Il était un intellectuel d’action: observer, comprendre et agir.
Engagé et engageant
Que serait le Québec d’aujourd’hui si les individus qui ont été au cœur de la Révolution tranquille s’étaient dit «ça ne sert à rien de s’engager», comme on l’entend si souvent aujourd’hui?
Nous ne serions pas la société distincte que nous sommes. On serait comme rabougri.
«L’avenir sera fait par ceux qui sont plus militants, ceux qui travaillent à changer des choses. Que ce soit par la politique ou non.» Disait-il fort, justement.
Voilà qui devrait nous donner envie de nous mettre en mouvement pour contrer la cupidité qui n’en finit plus de s’institutionnaliser au détriment de valeurs d’équité et de solidarité pour lesquelles des gens comme Guy Rocher se sont battus!
Sortir du cynisme
Quand on regarde l’état du monde et même simplement ce qui se passe ici, il y a matière à être découragé. C’est normal de se sentir impuissant tant les défis sont grands.
Le cynisme peut sembler réconfortant. Le hic, c’est qu’il mène à l’immobilisme.
Ce n’est pourtant pas en restant chacun chez soi que les choses vont changer. Il faut se mettre ensemble. Se mobiliser pour ce qui nous tient à cœur.
C’est pour ça que dimanche, je participerai à l’un des rassemblements organisés par les Mères au front et d’autres groupes à l’occasion de la Journée internationale de l’air pur pour des ciels bleus.
À partir de 11h30, je serai devant le bureau montréalais de François Legault pour lui rappeler qu’il n’y a pas de futur sans nature et qu’il doit protéger l’environnement pour protéger nos enfants.
À Rouyn-Noranda, la population marchera pour défendre son droit de respirer un air sain, n’en déplaise à la Fonderie Horne de Glencore.
À Québec, la population se mobilisera pour la qualité de l’air de Limoilou, où là aussi Glencore pollue.
Et à Jonquière, la population se rassemblera devant le bureau régional de la ministre québécoise de la destruction des forêts pour s’opposer au projet de loi 97.
Se mobiliser pour le bien commun est la plus belle manière que j’ai trouvée pour honorer la mémoire de Guy Rocher et contribuer à une autre Révolution tranquille.