Guy Rocher et la prochaine Révolution tranquille

La vie de Guy Rocher, qui vient de s’éteindre, peut se résumer par une formule simple: voilà un homme qui a transformé son époque.

Son époque? C’était d’abord celle de la pauvreté économique et sociale du Québec de la Grande Noirceur, puis celle de la Révolution tranquille et enfin l’entrée dans la modernité.

Guy Rocher incarnait la dernière trace vivante de la Révolution tranquille, que René Lévesque qualifiait, si joliment, de «déblocage aussi soudain que l’est, au printemps, la rupture de nos embâcles sur nos rivières».

Que Parizeau, lui, décrivait comme «l’œuvre de quatre ministres, d’une vingtaine de fonctionnaires et d’une vingtaine de chansonniers».

Des ministres comme Lesage, Gérin-Lajoie, Lapalme et Lévesque. Des économistes comme Jacques Parizeau. Des chansonniers comme Claude Léveillée, Félix Leclerc et Gilles Vigneault.

Et des intellectuels, comme le sociologue Guy Rocher.

Engagement

Né en 1924, il faisait face à une société pauvre sur tous les plans.

Après des années de formation et d’enseignement, il s’engage pour l’État du Québec. Il observe sa société, pose un diagnostic et entreprend de mettre son intelligence au service du collectif.

Avec un idéal comme boussole: celle de l’égalité.

C’est sous ce principe, incorruptible chez M. Rocher, que lui et d’autres en sont arrivés à la commission Parent, à la création du ministère de l’Éducation et des cégeps, au combat pour la laïcité et l’accessibilité de l’école, à la Charte de la langue française.

Si le Québec repose sur ces piliers, M. Rocher a été un de nos plus formidables forgerons.

Départ

Son départ nous invite à réfléchir sur le Québec d’aujourd’hui, plutôt morose et incapable de régler ses problèmes les plus urgents.

Le Québec a cruellement besoin d’un nouveau souffle, fidèle aux idéaux de la Révolution tranquille, mais adapté aux problèmes de notre époque.

Pour défaire nos nouveaux «embâcles sur nos rivières».