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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Guy Nantel: dans les coulisses de l’arène politique

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Photo portrait de Raphaël Gendron-Martin

Raphaël Gendron-Martin

2022-10-08T04:00:00Z
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«Mon vrai métier, ma vraie carrière, c’est d’être humoriste.» Même s’il a participé avec sérieux à la course à la chefferie du PQ, en 2020, Guy Nantel est de retour avec grand plaisir sur les planches avec un nouveau spectacle d’humour. Et comme sujet de ce sixième spectacle solo, il a justement décidé d’emmener le public dans les coulisses du monde politique. 

• À lire aussi: Guy Nantel sur le scrutin: «Il y a des incongruités»

En octobre 2020, Guy Nantel s’inclinait au deuxième tour de la course à la direction du Parti Québécois. Les militants péquistes avaient alors décidé d’élire Paul St-Pierre Plamondon. Même s’il était déçu du résultat («évidemment, je voulais gagner la course»), Nantel avait poursuivi de bon cœur sa tournée humoristique Nos droits et libertés

Pour son nouveau spectacle, Si je vous ai bien compris, vous êtes en train de dire..., qu’il lance officiellement dans quelques jours, Guy Nantel a choisi d’aborder ce court passage au sein du Parti Québécois. 

«C’est en faisant cette course que je me suis rendu compte qu’il y avait bien des affaires que je voyais de l’intérieur et que les gens ne savaient pas», dit-il.  

Pas collé sur l’actualité

Sur scène, l’humoriste reprend son habituel personnage intense et volubile qu’il ne faut surtout pas prendre au premier degré. Il mentionne notamment ce qu’il aurait fait s’il avait été élu chef du PQ. «Je dis aussi que j’aurais fait un excellent premier ministre et j’arrive avec toutes sortes de solutions loufoques.» 

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Plusieurs thèmes y passent, dont l’environnement, la COVID, la place des personnes âgées et le réchauffement de la planète. Parce que ses textes ne sont pas collés sur l’actualité («un show dure quand même deux ans et demi»), Guy Nantel a volontairement choisi de ne pas parler de la campagne électorale provinciale que l’on vient de vivre. 

«Le show n’est vraiment pas là-dessus. Ce n’est pas Infoman que je fais. C’est mon personnage de scène qui dit comment il aurait réglé tous les problèmes du Québec, en l’espace de quelques instants et de quelques solutions faciles. C’est vraiment autour de ça que ça s’inscrit. Pour parler de quelque chose dans la campagne, il faudrait que la référence soit claire pour tout le monde.» 

En solitaire 

Fidèle à son habitude, Guy Nantel a travaillé complètement en solitaire pour ce nouveau spectacle. «J’écris tout seul. Je n’ai pas de metteur en scène. C’est moi. De toute façon, j’ai un style où je suis debout derrière un micro...» 

L’humoriste n’a pas non plus de deuxième regard durant sa période de rodage. «C’est le public, mon regard. Je fais les choses que j’aime faire et si eux les trouvent drôles, on a ce qu’il faut.» 

Contrairement à plusieurs de ses compères, qui rodent leurs nouveaux spectacles numéro par numéro dans différentes soirées d’humour, Guy Nantel opte pour la méthode «vieille école». 

«Je n’ai rien contre des places comme Le Bordel [Comédie Club]. C’est juste que moi, je rode mes shows au complet. J’écris, j’écris, j’écris pendant peut-être quatre mois. Après ça, j’apprends, j’apprends, j’apprends pendant un autre deux ou trois mois. Et après, la première fois que je monte sur une scène, je fais une heure et demie.» 

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Guy Nantel se défend de pratiquer un humour trop niché. «Mon but, ce n’est pas d’intéresser les gens qui s’intéressent à la politique, dit-il. Mon but est de faire rire les gens. Donc, tout le monde qui s’intéresse à l’humour, c’est mon public. [...] C’est vrai que mon public s’intéresse à la culture, à la société, à la politique. Mais quand j’écris un show, je pars toujours de l’idée que si un Français ou un Suisse atterrit à Montréal et qu’il ne connaît rien sur la société, il faut qu’il comprenne tout le spectacle.» 


♦ Le spectacle Si je vous ai bien compris, vous êtes en train de dire..., sera présenté à Montréal (Théâtre Maisonneuve, 25 octobre, et Olympia, 10 décembre) et Québec (Salle Albert-Rousseau, 8-9 novembre, 22-23 février). Pour toutes les dates : guynantel.com.  

Des projets sérieux 

Photo Jocelyn Michel, byconsulat.com
Photo Jocelyn Michel, byconsulat.com

Nouvelle tournée à la grandeur du Québec, participation régulière à l’émission de Stéphan Bureau et collaboration quotidienne à l’émission de radio de Sophie Durocher. L’automne 2022 de Guy Nantel sera pour le moins occupé. «Ça fait changement de la pandémie!» dit-il en riant. 

Depuis quelques semaines, Guy Nantel est l’un des débatteurs réguliers de la nouvelle émission Le monde à l’envers, tous les vendredis soir à TVA. Même si l’émission est filmée en direct, et que l’humoriste est actuellement en pleine tournée, il devrait y participer «à peu près la moitié du temps». «On s’est arrangé [avec le calendrier]. Il y a des diffuseurs qui nous ont rendu service.»

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«C’est une émission importante, dit-il de ce nouveau rendez-vous piloté par Stéphan Bureau. [...] Je trouve ça vraiment important que le débat existe, de façon polie et civilisée, mais quand même ferme. J’aime qu’on ait le droit de dire des choses qui peuvent être très différentes, à la limite choquantes. Elles ont parfois leur raison d’être dites.»

De bonne guerre

Pour ce nouvel emploi, comme pour celui à la radio, Guy Nantel a complètement rangé son chapeau d’humoriste. «Je ne fais pas de blague parce que je n’ai pas le temps d’en faire ! dit-il en riant. Mais ce n’est pas un show d’humour. Je ne prépare pas de ligne pour ça. De temps en temps, j’aime ça, faire une petite bitcherie pour déstabiliser mes adversaires de débat. On est adversaires, mais on est tous des partenaires dans l’émission. C’est de bonne guerre. J’aime ça.»

Chaque après-midi vers 15 h, du lundi au vendredi, Guy Nantel participe également à l’émission de Sophie Durocher, sur les ondes de QUB radio. 

«C’est une conversation d’une quinzaine de minutes sur un sujet de l’actualité. J’ai carte blanche sur le choix du sujet. Je dis ce que j’ai à dire. [...] Sophie et moi, on est souvent d’accord, mais quelquefois, on est en désaccord. C’est très bien. J’aime beaucoup le ton. C’est très cordial.» 

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À la prochaine fois...? 

«Si je vous ai bien compris, vous êtes en train de dire : à la prochaine fois », avait lancé René Lévesque le soir du référendum de 1980. Avec le titre de son nouveau spectacle qui rappelle évidemment cette mythique phrase, Guy Nantel veut-il lancer le message qu’il y aura une prochaine fois pour lui en politique?

«J’ai toujours cet appel-là en moi, répond-il. J’ai toujours ce sentiment-là que si les gens me prenaient au sérieux et savaient à quel point je pense que je peux rallier beaucoup de monde... [...] Je pense que j’avais ma pertinence [comme chef du PQ] et que je l’ai encore. Si le parti venait à ne pas avoir de chef, et que j’étais mieux accueilli que le premier coup, que je sentais vraiment un réel momentum...»

«Ce qui m’intéresse, ce n’est pas Guy Nantel en politique. Ce qui m’intéresse, c’est que les Québécois reprennent leur fierté en main, particulièrement la fierté de leur langue, leur capacité à s’affirmer avec dignité.»

Pendant dix ans, quand on lui demandait s’il voulait se lancer en politique, Guy Nantel répondait par la négative. Puis, voyant dans les dernières années que le Parti Québécois croupissait dans les tréfonds des sondages, l’humoriste avait accepté de se jeter dans l’arène. 

«Je suis allé là pour donner un coup de main, pour mettre un peu le spot sur le Parti Québécois, sur l’absence de la souveraineté», dit-il.

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Une part d’altruisme

«Avant ça, je disais toujours qu’il n’y avait aucun intérêt à aller là. Parce que ça te demande de travailler bien plus fort qu’un humoriste et que ça paie bien moins. Il y en a un qui est détesté et l’autre qui est adoré. Quand on y pense de façon rationnelle, il n’y a aucun avantage pour un gars comme moi d’aller faire ça. Il y a vraiment une part d’altruisme là-dedans, en pensant à la nation québécoise.»

Guy Nantel a beaucoup aimé l’expérience humaine vécue durant ce bref passage en politique, il y a deux ans. Ce qu’il a toutefois eu de la difficulté à comprendre, «c’est l’intensité des gens à l’intérieur du parti qui refusaient catégoriquement l’idée qu’un humoriste puisse se présenter à la chefferie». 

«Ils voyaient ça quasiment comme une forme d’agression envers leur propre parti. Moi, je n’allais pas là pour faire une blague. J’allais là vraiment pour aider le parti à se faire voir. Et aussi, je pensais vraiment pouvoir avoir ma pertinence pour aider le Québec à s’épanouir.»

Cette défaite au deuxième tour n’a pas été frustrante pour Guy Nantel, assure-t-il. 

«Ce sont des péquistes qui étaient venus me chercher. Ce n’était pas mon rêve, dans ma vie, de faire de la politique. Je fais mon travail de rêve en ce moment.»

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