Guerre tarifaire: le Québec pourrait tomber en récession dès les prochaines semaines
Gabriel Côté et David Descôteaux
Selon des économistes, l'économie québécoise pourrait plonger dans une récession dès ce printemps si les tarifs douaniers restent en vigueur.
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«Si on prend comme hypothèse que les tarifs vont durer toute l’année 2025, et que les contre-tarifs canadiens sont baissés à environ 10% au début de l’année 2026, il y a de grosses probabilités qu’on ait une récession au Québec et au Canada dès le printemps», pose l’économiste principal du Mouvement Desjardins, Benoit Durocher, dans un entretien avec Le Journal.
Le président américain Donald Trump a finalement mis sa menace à exécution mardi, frappant le Canada et le Mexique de droits de douane généraux de 25%, avec une taxe moindre de 10% sur l’énergie et les minéraux critiques du Canada.
Le premier ministre Justin Trudeau a aussitôt déclaré que la riposte du Canada comprendrait des tarifs douaniers sur 155 milliards $ US de biens américains.
Jusqu’au début de l’an prochain
Dans ce contexte, les différentes banques s’entendent pour dire que l’économie canadienne subira une récession «modérée» qui durera quelques trimestres.
Selon l’économiste en chef de la BMO, Douglas Porter, les tarifs réduiront la croissance réelle du PIB d’environ 1,5 point de pourcentage à environ 0,5% en 2025.
Ce ralentissement sera le fruit de la demande réduite d’exportations canadiennes vers les États-Unis (qui représentent environ un cinquième du PIB), de la perturbation des chaînes d’approvisionnement et de l’incertitude plus grande qui refroidira les investissements des entreprises.
Sans oublier que les tarifs et les contre-tarifs auront pour effet de faire gonfler les prix pour les consommateurs en plus d’affaiblir le dollar canadien.
«On s’attend à une amélioration au début de l’année 2026, dans l’hypothèse d’une diminution des tarifs à ce moment-là», reprend Benoit Durocher. «Mais c’est très difficile à prévoir. Il y a encore beaucoup d’incertitude»
L’économiste du Mouvement Desjardins estime par ailleurs que le Québec sera frappé plus durement «que la moyenne canadienne», en raison des tarifs plus bas sur le pétrole.
«Le ralentissement risque d’être plus important dans les provinces du centre, soit le Québec, l’Ontario et le Manitoba», prévient-il.
D’autres baisses du taux directeur
Du même souffle, M. Durocher souligne qu’il anticipe aussi que d’autres baisses du taux directeur de la Banque du Canada seront nécessaires au cours des prochains mois.
«Ça va être tout un travail d’équilibriste de la part de la banque centrale. D’un côté, l’inflation plus élevée est un frein pour une réduction des taux d’intérêt, mais l’impact sur l’économie canadienne sera important, d’où la nécessité de quelques baisses additionnelles», explique-t-il.
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