Guerre tarifaire avec Trump: abolissons les taxes de vente sur nos produits d'ici!

Michel Girard
Si Ottawa persiste à imposer des contre-tarifs de plusieurs milliards de dollars sur l’importation de produits américains non visés par l’ACEUM (l’entente de libre-échange Canada, États-Unis, Mexique), voici ma proposition d’équité envers les consommateurs: abolissons les taxes de vente sur nos produits!
Pour compenser le coût des contre-tarifs que les Canadiens doivent payer sur les produits américains importés au Canada, je propose au gouvernement fédéral et aux gouvernements provinciaux d’abolir leurs taxes de vente (TPS et TVQ dans le cas du Québec) sur tous les produits canadiens concurrents. Dans le cas de produits canadiens non taxés, comme c’est le cas dans l’alimentation, des rabais de prix équivalant aux taxes de vente pourraient être consentis par les marchands, et remboursés par les gouvernements.
Ainsi les consommateurs canadiens auraient le choix entre acheter des produits américains surtaxés avec les contre-tarifs et des produits canadiens détaxés. J’ose croire que les Canadiens préféreront opter pour les produits canadiens libres de taxes.
Dans le cadre de la présente guerre tarifaire, je suis persuadé que l’achat de produits canadiens détaxés est un incitatif économique suffisamment attrayant pour encourager les consommateurs canadiens et québécois à acheter plus «local». Chose certaine, cela aurait pour effet immédiat de rendre les produits canadiens nettement plus concurrentiels par rapport aux produits américains similaires.
ON EST LOURDEMENT PÉNALISÉS
Depuis le déclenchement de la guerre tarifaire pilotée par Donald J. Trump, non seulement la chute de nos exportations vers les États-Unis secoue l’économie canadienne en entraînant de lourdes pertes d’emploi, de revenus et de bénéfices, mais en plus, elle nous coûte un bras en contre-tarifs imposés par le Canada.
Le cabinet du ministre des Finances François-Philippe Champagne a confirmé à mon collègue Raphaël Pirro du Journal que les Canadiens avaient payé jusqu’à présent 2,5 milliards de dollars en contre-tarifs de 25% sur les produits importés des États-Unis, tels les produits de consommation (comme la nourriture, l’alcool, le café, les électroménagers, les vêtements et l’équipement sportif), l’acier, l’aluminium, les voitures fabriquées aux États-Unis.
Vous avez bien lu une facture de «2 500 000 000 $» en seulement quelques mois de contre-tarifs. Sur une année, ça va dépasser les 10 milliards $. Et là on ne parle que des produits américains importés qui ne sont pas couverts par l’ACEUM.
LE PIRE EST À VENIR...
Dans moins d’un an, soit le 1er juillet 2026, le Canada, les États-Unis et le Mexique vont décider s’ils prolongent l’ACEUM (conclu avec Donald Trump en 2020) pour un nouveau cycle de 16 ans.
En raison de la guerre tarifaire qu’il a déclenchée contre tout le monde, le président américain ne voudra sûrement pas reconduire ledit accord de l’ACEUM dans les mêmes conditions. Il risque de s’ensuivre une nouvelle guerre commerciale contre, cette fois, la panoplie de produits couverts par l’accord.
Il faut savoir qu’advenant le cas où les trois pays décideraient de ne pas reconduire l’accord actuel, un examen annuel sera mené jusqu’à ce que l’accord prenne fin en 2036.
Que le Canada, les États-Unis et le Mexique forment présentement l’une des plus grandes alliances commerciales au monde (avec un tiers du produit intérieur brut [PIB] mondial), Donald J. Trump n’en a rien à foutre si le Canada et le Mexique n’acquiescent pas à ses capricieuses demandes.
Que le commerce nord-américain, grâce à l’élimination des tarifs douaniers de l’ACEUM, ait augmenté de 47% et créé 4 millions d’emplois supplémentaires depuis l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange, ça lui est indifférent.
MARK CARNEY SE FAIT NIAISER
Le premier ministre Carney a eu beau renoncer à 2 milliards $ de revenus en abolissant le 1er juillet dernier la nouvelle taxe sur les services numériques (TSN) offerts par les géants du web (Google, Apple, Amazon, Meta, Uber, Airbnb, etc.), cela n’a pas calmé pour autant l’agressivité commerciale de Donald Trump envers le Canada.
En effet, Trump a imposé le 1er août dernier des tarifs de 35% sur les importations de produits canadiens non couverts par l’ACEUM.
Ainsi, malgré ce cadeau de 2 milliards $ accordé par le gouvernement Carney aux géants américains du web, Donald J. Trump trouve le moyen d’humilier notre premier ministre en imposant des tarifs de 35%.
AUTRE SOLUTION
Le gouvernement Carney évalue présentement la possibilité de renoncer à l’imposition de contre-tarifs sur les produits importés des États-Unis, et ce dans le but de ne pas froisser l’ego de Trump. C’est le genre de mesure qui plairait énormément au président américain.
Mais... Étant donné que Trump, lui, ne renoncera pas à l’imposition de tarifs sur les produits importés du Canada, il faudrait que le gouvernement canadien trouve à ce moment-là une alternative pour contrer l’achat des produits américains importés.
Quel genre d’alternative? Réduire les droits de douane sur plusieurs produits importés d’une foule de pays, à l’exception des États-Unis.
Ce qui aura pour effet de réduire le prix de ces produits importés, et ce, au grand bonheur des Canadiens.