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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Guerre Israël-Iran: un conflit, trois questions-clefs

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AFP

2025-06-17T17:26:39Z
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La guerre entre Israël et l'Iran ouvre une série de questions fondamentales pour l'avenir de la région, alors qu'Israël évoque la possibilité d'éliminer le guide suprême iranien et que les chances d'une solution négociée semblent chaque jour plus fragiles.

En cinq jours de guerre, le monde assiste impuissant à un déferlement de frappes entre deux ennemis jurés au Moyen-Orient, sans que la stratégie des différents protagonistes ne soit clairement lisible.

Quel risque d'un conflit prolongé ?

Chaque conflit qui débute pose la question des scénarios de sortie de crise. Or, le risque de combats prolongés semble réel.

«La fenêtre pour une résolution du conflit se referme rapidement, alors que les pertes des deux côtés continuent de s'accumuler», prévient le centre de réflexion américain Soufan Center.

Plusieurs analystes assurent que le pouvoir iranien débat avec ferveur des ripostes militaires, jugées insuffisantes par certains, aux frappes israéliennes d'octobre et avril 2024.

Aujourd'hui, la domination aérienne israélienne produit un bilan outrageusement à l'avantage d'Israël, avec de lourds dégâts matériels infligés à l'ennemi (installations militaires, balistiques, nucléaires) ou de nombreuses éliminations au sein de la hiérarchie militaire, idéologique et scientifique du pays.

David Khalfa, cofondateur du think tank international Atlantic Middle East Forum (AMEF), pronostique que le conflit va se prolonger quelques jours, voire quelques semaines, si l'idée est de détruire les capacités nucléaires iraniennes.

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«L'Iran est très vaste et ses sites militaires et nucléaires sont disséminés sur l'ensemble du territoire, enterrés et bunkerisés», note-t-il pour l'AFP.

L'opération durera «un petit nombre de semaines», a estimé à cet égard samedi l'ambassadeur d’Israël en France Joshua Zarka.

En face, «que le régime choisisse l'escalade ou la cessation des combats reste une question ouverte», écrit Alex Vatanka pour le Middle East Institute.

La République islamique d'Iran peut-elle tomber ?

Lundi, le Premier ministre israélien a lancé un nouvel appel au peuple iranien pour qu'il se lève contre la «tyrannie», estimant qu'il aurait «une occasion d'être bientôt libre». Tuer l'ayatollah Ali Khamenei «mettra fin au conflit», a assuré Benjamin Netanyahu.

«Pour Israël, le sujet n'est pas tant les armes nucléaires que le régime. C'est une ‘’opération de décapitation’’», a affirmé au journal Le Monde Jeffrey Lewis, de l'Institut d'études internationales de Middlebury à Monterey, en Californie.

«Les frappes sur les sites nucléaires sont comme une feuille de vigne cachant les véritables motivations d'Israël: faire tomber le régime», juge-t-il.

Mardi, le président américain Donald Trump a précisé la menace. Les États-Unis «savent exactement où se cache le soi-disant ‘’guide suprême’’», a-t-il affirmé, avant de préciser qu'ils ne comptaient pas «l'éliminer (le tuer!), du moins pour le moment».

Les calculs, à Téhéran, prennent nécessairement en compte cette question, au fur et à mesure que sont tuées des figures militaires, idéologiques et scientifiques iraniennes.

«L'incapacité persistante de l'Iran à protéger ses hauts responsables militaires et nucléaires est stupéfiante», fait valoir Alex Vatanka.

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Sanam Vakil, directrice du programme Moyen-Orient et Afrique du nord du groupe de réflexion Chatham House, s'attend s'attend à des changements au sein du pouvoir iranien, mais moins «un effondrement» qu'un «effilochement au fil du temps» qui permettra à Israël d'en «prendre le crédit».

Pour elle, «la guerre a été très dommageable pour un système de gouvernance qui lutte pour maintenir sa légitimité».

«C'est existentiel. La dernière fois que l'Iran a été dans une guerre de ce genre, c'était contre l'Irak» (1980-88).

Quelle place pour la diplomatie ?

Avant les premières frappes israéliennes, la semaine dernière, les négociations se poursuivaient entre Washington et Téhéran sur le programme nucléaire iranien.

Et pour l'heure, Donald Trump, allié inconditionnel d'Israël, affirme privilégier la diplomatie. L'Iran «doit négocier immédiatement avant qu'il ne soit trop tard», a-t-il lancé lundi, avant d'affirmer mardi que «si (les Iraniens) veulent parler, ils savent comment me joindre».

Son équipe «estime que la désescalade du conflit dépend d'un effort des États-Unis pour convertir en un nouvel accord la destruction infligée par Israël aux infrastructures nucléaires de l'Iran», juge le Soufan Center, basé à New York.

Mais les médiateurs du Qatar et d'Oman ont été informés par l'Iran qu'il ne négocierait pas «tant qu'il est attaqué».

Pour David Khalfa, «l'objectif de Netanyahu est de faire entrer Trump dans la guerre. Mais je pense que ce dernier va rester en retrait et laisser Israël continuer à affaiblir l'Iran pour le forcer à négocier», alors forcément en position de grande faiblesse.

«Une question est de savoir si les Iraniens accepteraient un ‘’enrichissement zéro’’ afin de garantir un cessez-le-feu et de mettre fin à l'offensive israélienne», estime le Soufan Center.

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