Guerre intestine au PLQ: le député Frédéric Beauchemin visé par une plainte de harcèlement psychologique

Geneviève Lajoie
Une nouvelle bisbille secoue le Parti libéral du Québec. Le député Frédéric Beauchemin et trois de ses employés politiques sont visés par une plainte de harcèlement psychologique formulée par la présidente de la Commission-Jeunesse, a appris notre Bureau parlementaire.
Cinq membres de l'exécutif des jeunes libéraux, incluant les trois employés politiques visés par la requête – William Des Marais, William Baril et Lina Yunes –, rétorquent que leur présidente Élyse Moisan a perdu la confiance de son équipe.
À une dizaine de jours du dévoilement des règles encadrant la course à la succession de Dominique Anglade, les troupes libérales sont aux prises avec une guerre intestine.
C’est en vertu de la Politique relative à la prévention et à la gestion des situations de harcèlement au travail de l’Assemblée nationale qu’Élyse Moisan a acheminé une plainte datée du 2 octobre à la whip de l’opposition officielle, Filomena Rotiroti. En plus d’être nouvellement présidente de la Commission-Jeunesse, Mme Moisan est aussi recherchiste au Parlement pour les troupes libérales.
Notons qu’une plainte a aussi été envoyée à la Commission juridique du PLQ conformément au Code d’éthique du parti et à sa Politique en matière de prévention du harcèlement psychologique.
« Menacée »
Dans le document, la plaignante affirme s’est sentie « harcelée, intimidée et menacée » notamment lors d’une rencontre avec les trois employés du bureau du député de Marguerite-Bourgeoys.
« J’ai été victime, à plusieurs reprises, de harcèlement psychologique de la part de ces personnes. Le député Frédéric Beauchemin est conscient de cette situation et il n’a posé aucun geste afin que cesse ce comportement, créant ainsi un environnement de travail propice aux situations de harcèlement psychologique », stipule la plainte.
« Alors que ces personnes sont des membres du personnel de M. Beauchemin (et donc rémunérés par des deniers publics), ils effectuent des démarches et exercent des pressions, dans le cadre de fonctions qu’elles exercent au sein du Parti libéral du Québec, afin de favoriser l’éventuelle candidature de M. Beauchemin à la course à la chefferie du Parti libéral du Québec et également d’influencer ouvertement les règles de la course à la chefferie », peut-on également lire.
Notons que la présidence de la Commission-Jeunesse a un siège sur l’exécutif du PLQ, où se décident les règles de la campagne au leadership. Élyse Moisan souhaitait garder une position neutre dans la course.
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Selon la plaignante, une rencontre avec Frédéric Beauchemin quelques jours plus tôt ne se serait pas bien déroulée non plus. « Au terme de la rencontre, sous le choc et suite à ces interactions difficiles, j’en suis venue aux larmes », écrit-elle. Mme Moisan devait s’entretenir avec le député de Marguerite-Bourgeoys puisqu’il exerçait jusqu’à tout récemment le rôle de député-parrain de la Commission-Jeunesse.
Les événements se seraient déroulés entre le 28 septembre et le 1er octobre. Des sanctions sont réclamées à l’égard de Frédéric Beauchemin et des membres de son personnel politique.
Chefferie
Élu depuis 2022, le député de Marguerite-Bourgeoys songe à se porter candidat à la direction du PLQ. L’ex-directeur général et chef des marchés capitaux de la Banque Scotia attend de connaître les règles de la course au leadership, qui seront dévoilées dans une dizaine de jours à l’occasion du Congrès libéral, avant d’annoncer formellement ses couleurs.
Déjà, plusieurs de ses collègues du caucus, comme Monsef Derraji, André Fortin et le chef intérimaire Marc Tanguay, ont renoncé à se porter candidats à la chefferie libérale.
Dans de récentes discussions de caucus, Frédéric Beauchemin est un des seuls députés libéraux à s’être montré favorable à une campagne au leadership rapide, dès le printemps prochain. La majorité des élus souhaitent plutôt retarder le déclenchement de la course à l’automne 2024, pour une élection du nouveau chef courant 2025.
« Associé malgré lui »
Dans une déclaration transmise à notre Bureau parlementaire, le député de Marguerite-Bourgeoys se dit victime d’un conflit au sein des jeunes libéraux. « Je comprends qu’il y a en ce moment certains différends internes à la Commission-Jeunesse. À titre de député-parrain, je m’y retrouve bien malgré moi associé. J’offre à toutes les parties impliquées mon aide et ma collaboration pour une résolution de ces enjeux internes. »
Cinq membres de l’exécutif des jeunes du PLQ ont signé jeudi une déclaration acheminée à notre Bureau parlementaire dans laquelle ils remettent en question le leadership de leur nouvelle présidente, élue il y a à peine plus d’un mois.
« La présidente de la Commission-Jeunesse a instauré un climat de travail toxique. Elle a perdu la confiance de la majorité de son exécutif et elle tente de sauver sa peau en déposant des plaintes contre tout le monde. Ce n’est pas sérieux. » Notons que trois des signataires sont visés par la plainte pour harcèlement psychologique. Ils ont dit avoir l'intention de porter plainte auprès du PLQ contre leur présidente.
Élyse Moisan n'a pas voulu commenter.
Au cabinet du chef intérimaire Marc Tanguay, la réponse fut laconique. «Il s’agit d’allégations importantes. Nous allons respecter les processus en pareille occasion. Nous ne ferons pas d’autres commentaires pour l’instant».