Guerre en Ukraine: «Zelensky n’a pas les moyens de s’opposer à un "deal" trumpien», selon un ancien officier français
Samuel Roberge
Une entente entre Donald Trump et Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine est «tout à fait possible dans les mois qui viennent», et ce peu importe ce que pourrait désirer le président ukrainien, avance un ancien officier militaire français.
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«Concrètement, même avec l’appui des Européens, Zelensky n’a pas les moyens de s’opposer à un "deal" trumpien», a écrit Guillaume Ancel, dimanche, sur son blogue Ne pas subir. «Soit il s’efforce de s’y conformer, soit il disparaît en voulant s’y opposer.»
Influencée par la force des choses, la position de Volodymyr Zelensky s’est d’ailleurs assouplie dans les derniers jours, ce dernier n’ayant pas d’autres options que de se plier aux exigences de Donald Trump.

Et en vue d’éventuelles négociations avec Vladimir Poutine, le président ukrainien a affirmé, mardi, qu’il était prêt à procéder à «un échange» de territoires avec la Russie.
«Nous échangerons un territoire contre un autre», a-t-il soutenu dans une entrevue avec le quotidien britannique The Guardian.

Deux armées exténuées
Cette guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine entamera sa quatrième année dans moins de deux semaines et les deux armées sont au bout de leur force.
«En fait, Poutine a intérêt aussi à la suspension des combats», a souligné M. Ancel.
«Au rythme actuel son industrie de défense n’arrive pas à compenser les destructions quotidiennes de matériels militaires russes», a expliqué celui qui a été déployé, entre autres, au Rwanda et en Bosnie au cours de ses 20 années au sein des Forces armées françaises.
Dans un scénario russe idéal, le président Poutine pourrait trouver un accord avec Donald Trump avant le printemps pour vendre «une "victoire" au moment très symbolique de la 80e commémoration de la grande victoire du 9 mai 1945 contre le nazisme, antienne de son "opération militaire spéciale" contre l’Ukraine».

Mais l’analyste militaire reste sceptique à l’égard de ces ententes qui peuvent se trouver dans des discussions en coulisses qui n’incluent pas tous les acteurs clés.
«Le respect des frontières et, bien au-delà, le respect du droit voleront en éclat tandis que les Européens devront vivre dans la crainte de la prochaine attaque de la Russie en dépensant des sommes considérables – notamment en armements américains – pour une sécurité à jamais incertaine», s’est-il inquiété dans son billet.

«Trop de morts et de destruction»
Le secrétaire au Trésor américain, Scott Bessent, se rendra en Ukraine prochainement afin de rencontrer Volodymyr Zelensky, a annoncé Donald Trump sur son compte Truth Social, mardi.
«Cette guerre doit et va se terminer rapidement – trop de morts et de destruction. Les États-Unis ont dépensé des milliards de dollars, avec peu de résultats», a écrit le président américain dans son message.
Cette annonce intervient alors que le président américain a évoqué la veille l'idée, dans une interview, que l'Ukraine devienne «russe un jour», demandant au passage que soit compensée l'aide versée à Kyïv jusqu'ici.
«Je veux récupérer» cet argent, a-t-il poursuivi, ajoutant avoir réclamé à Kyïv l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, des métaux notamment utilisés dans l'électronique.

«Au moins comme ça, on ne se sent pas idiot», a-t-il dit, d’après ce qu’a rapporté l’AFP.
Le président ukrainien avait assuré la semaine dernière que son pays était prêt à recevoir des «investissements d'entreprises américaines» dans ses terres rares, soulignant toutefois qu'«une partie de nos ressources minérales» se trouve en zone occupée.

Dans la foulée, M. Zelensky avait indiqué lundi que l'organisation d'une rencontre avec son homologue américain était en cours, mais que la date n'était pas encore fixée.
Il doit en revanche rencontrer le vice-président américain, JD Vance, vendredi, à l'occasion de la conférence sur la sécurité de Munich (MSC).
- Avec la collaboration de l'AFP