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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Guerre des stupéfiants: une autre vidéo de torture à glacer le sang des soldats du caïd Dave «Pic» Turmel

Un homme se fait flamber la plante d’un pied au chalumeau

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Eric Thibault, Jean-Louis Fortin et Kathryne Lamontagne

2024-02-27T20:30:00Z
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Souffrant le martyre, un homme a été filmé pendant que des tortionnaires lui flambaient le dessous d’un pied avec un chalumeau, dans le cadre du conflit opposant le caïd Dave «Pic» Turmel aux Hells Angels.

Dans cette vidéo de 15 secondes obtenue par notre Bureau d’enquête, on entend la victime hurler de douleur pendant qu’on voit l’un de ses assaillants lui brûler la plante du pied gauche avec la flamme du chalumeau.

En plus d’avoir les pieds et les poignets attachés à son siège avec des cordes, l’individu pris en otage se fait tenir fermement la cheville par l’un des soldats de Turmel pour l’empêcher de bouger.

«Bien mérité!»

Quand les hommes de main de «Pic» lui offrent enfin un moment de répit après l’avoir fait souffrir durant plusieurs secondes, on entend l’un d’eux dire à la victime: «Tu l’as bien mérité!»

Torture et mutilations inspirées des cartels mexicains de la drogue et de gangs de rue latino-américains ultra-violents font partie des méthodes d’intimidation barbares que la bande de Turmel, le BFM (Blood Family Mafia), a fait subir à des trafiquants ou des proches des Hells en février.

Dave «Pic» Turmel
Dave «Pic» Turmel Capture d'écran de la chaîne Youtube DmanyakTV

Dans une première vidéo obtenue le 19 février par notre Bureau d’enquête, deux hommes reliés aux Hells ont été roués de coups sous la menace d’armes à feu sur la Rive-Sud de Québec.

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  • Écoutez l'entrevue avec Éric Thibault, journaliste au bureau d’enquête de Québecor, via QUB :

L’un d’eux s’est aussi fait trancher une oreille avec un couteau et a été forcé de dire à la caméra que tout était «à cause de Mario Auger», le Hells Angels à qui les trafiquants doivent supposément verser une «taxe» de 10% sur leurs ventes dans cette région.

À Saint-Malachie, dans la région de Bellechasse, une autre prise d’otages a pris une tournure tragique, le 19 février, quand l’un des présumés assaillants, Patrick Martin, un rappeur dont le surnom était «R.I.V.», se serait endormi, selon l’hypothèse des policiers.

L’une des victimes en aurait profité pour le désarmer et le tuer, avant d’aller chercher de l’aide dans le voisinage.

Un cas au Saguenay

Les forces policières ont aussi répertorié de telles démonstrations de brutalité à Québec et à Montmagny.

Des trafiquants saguenéens ont également copié les tactiques de mutilation du BFM.

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Dans la nuit du 22 février, Michaël Chouinard, victime d’un enlèvement 24 heures plus tôt à Saguenay et dont la disparition fut signalée à la police, a été retrouvé dans le quartier Rosemont, à Montréal, avec un doigt et un orteil coupés.

Michael Chouinard a été retrouvé le 22 février dernier à Montréal
Michael Chouinard a été retrouvé le 22 février dernier à Montréal Photo AGENCE QMI, Pascal Girard

Notre Bureau d’enquête avait révélé, ce jour-là, que les policiers envisageaient l’hypothèse d’un kidnapping ordonné par le trafiquant indépendant All Boivin.

Ce dernier, qui connaîtrait le caïd Turmel, d’après nos informations, aurait lui aussi une dent contre les Hells Angels, au Saguenay, en plus d’être en cavale de la police. Boivin fait partie des 10 criminels les plus recherchés au Québec.

Le trafiquant All Boivin est escorté par des policiers au palais de justice de Saguenay, en mars 2019.
Le trafiquant All Boivin est escorté par des policiers au palais de justice de Saguenay, en mars 2019. Photo d'archives

L’opération Scandaleux

C’est justement pour freiner cette vague d’attaques armées et de séances de torture qu’une demi-douzaine de corps policiers participent, avec la Sûreté du Québec, à une vaste opération dans ces régions depuis vendredi dernier.

Au moins 22 personnes ont été appréhendées au cours des cinq derniers jours lors de ce projet d’enquête baptisé «Scandaleux».

Plusieurs d’entre elles font face à des accusations criminelles pour leur participation alléguée à des prises d’otages et des attaques armées.

Tous les accusés sont reliés au gang de Dave Turmel, sauf un.

Les Hells «victimes»

Pourquoi les policiers n’ont-ils pas aussi procédé à des arrestations dans l’entourage des Hells?

Parce que la quasi-totalité des attaques dénombrées en marge de cette guerre – qui a éclaté dans la région de la capitale quand la résidence du Hells Mathieu Pelletier a été la cible de coups de feu le 7 mars 2023 – a été commise aux dépens des motards.

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Ainsi, les suspects de ces crimes se retrouvent en forte majorité du côté du clan que la police a identifié comme l’agresseur présumé dans ce conflit, soit le gang BFM, dont «Pic» Turmel est le leader.

Les Hells n’auraient pas répliqué à ces attaques, même si cette situation nuit à l’image toute-puissante du plus important club de motards hors-la-loi au monde.

Plusieurs membres influents des Hells associés aux chapitres de Montréal, de Sherbrooke et de Québec – dont Mario «Banane» Auger, qui a vainement tenté de négocier une trêve au conflit avec Turmel en allant le rencontrer en Europe – ont d’ailleurs été rencontrés par les enquêteurs au cours de la dernière semaine.

Mario Auger
Mario Auger Photo Courtoisie

On leur aurait fait comprendre que les motards, qui contrôlent le marché québécois des stupéfiants depuis plus de vingt ans, n’auraient pas intérêt à riposter et à faire dégénérer les hostilités.

Turmel en fuite

Selon nos informations, Dave Turmel se cacherait au Portugal depuis plusieurs mois, d’où il parvient à diriger ses soldats au Québec et à mener sa guerre contre les Hells.

Des démarches entreprises par les autorités canadiennes sont toujours en cours avec l’agence Interpol afin qu’un avis de recherche international soit lancé contre lui.

Turmel, 27 ans, fuit la justice canadienne puisqu’il fait l’objet d’un mandat d’arrestation à Québec depuis juillet 2023 pour trafic de drogue et agression armée, selon nos informations.

Dave Turmel, à droite, 27 ans, et Roobens Denis, 31 ans, en juillet dernier, alors qu'ils faisaient l'objet d'un mandat d'arrestation.
Dave Turmel, à droite, 27 ans, et Roobens Denis, 31 ans, en juillet dernier, alors qu'ils faisaient l'objet d'un mandat d'arrestation. Photo fournie par le SPVQ

Il n’a pas donné suite à nos multiples tentatives pour entrer en communication avec lui via les réseaux sociaux.

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