Guerre des stupéfiants: des signes d’effritement dans le clan du caïd Dave «Pic» Turmel
Plusieurs membres du gang rival des Hells Angels ont choisi de collaborer avec la police
Eric Thibault, Félix Séguin et Kathryne Lamontagne
Les policiers ont réussi à obtenir la collaboration d’une bonne demi-douzaine d’individus parmi les suspects appréhendés depuis une semaine, dans la région de Québec, en lien avec la flambée de violence attribuable au gang du caïd Dave «Pic» Turmel.
• À lire aussi: Guerre des stupéfiants à Québec: les accusés arrêtés dans l’opération Scandaleux demeurent détenus
C’est ce qu’a appris notre Bureau d’enquête auprès de sources bien au fait de l’opération Scandaleux, où plusieurs corps policiers épaulent la Sûreté du Québec afin de freiner la vague d’attaques armées dans la guerre des stupéfiants que le gang de Turmel mène contre les Hells Angels depuis un an.
Les autorités ont procédé à au moins 32 arrestations depuis le 23 février.

D’après nos sources, les aveux et la collaboration d’autant d’accusés sont un signe révélateur que la loyauté des troupes de Turmel, le jeune leader du BFM (Blood Family Mafia), serait en train de s’effriter.
En effet, il est rare qu’une proportion aussi importante de suspects ciblés lors d’une rafle policière accepte d’aider les enquêteurs en faisant des déclarations.
S’éloigner de «Pic»
On peut en déduire que ces accusés volubiles cherchent à prendre leurs distances de «Pic» Turmel, tout en espérant que leur collaboration avec la police se traduise éventuellement par une justice plus clémente.
Ainsi, les enquêteurs ont pu apprendre une foule de détails sur la planification des complots et des méthodes d’intimidation du BFM, d’après nos sources.
- Écoutez le segment d’actualité Tout savoir en 24 minutes où Alexandre Moranville et Mario Dumont reviennent les moments marquants de l’actualité via QUB :
Entre autres, sur la façon dont ils parviennent à recruter les soldats de leurs commandos chargés de kidnapper, de tabasser et même de torturer leurs opposants en les mutilant.
Règle d’or
Habituellement, les policiers n’ont pas autant de succès lorsqu’ils interrogent des trafiquants et des hommes de main reliés à des organisations criminelles aguerries, comme les Hells Angels et la mafia montréalaise.
La consigne du silence en pareilles circonstances est une règle d’or au sein de ces factions dominantes du crime organisé au pays et leurs subalternes se montrent peu bavards.
Interpol se fait attendre
Dave Turmel, qui est recherché par la police de Québec depuis juillet 2023 pour trafic de drogue et agression armée, est toujours en cavale à l’extérieur du pays et se cacherait présentement au Portugal, d’où il dirige sa guerre à distance contre les Hells québécois, selon nos informations.

En date de jeudi, le caïd de 27 ans ne faisait toujours pas l’objet d’un avis de recherche international, malgré des démarches des autorités canadiennes qui sont en cours depuis plusieurs semaines visant à obtenir l’intervention de l’agence Interpol pour pouvoir mieux le traquer en Europe.
Questionnée par notre Bureau d’enquête sur l’évolution de ces démarches, la Gendarmerie royale du Canada (GRC), qui gère le bureau d’Interpol à Ottawa, n’a pas souhaité commenter directement le dossier Turmel.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.