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L'article provient de TVA Nouvelles
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Livraisons refusées: Trump dit que la Chine s'est «rétractée» sur un «énorme» contrat avec Boeing

AFP
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2025-04-15T09:51:49Z
2025-04-15T15:48:56Z
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Le constructeur aéronautique américain Boeing, qui a connu une période périlleuse, semble être entraîné mardi dans la guerre des droits de douane entre la Chine et les États-Unis, dont la balance commerciale pourrait souffrir.

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Boeing est en effet le plus gros exportateur américain.

«Fait intéressant», les autorités chinoises «viennent juste de se rétracter au sujet d'un énorme accord avec Boeing, disant qu'elles +ne vont pas prendre possession+ d'avions couverts par des engagements fermes», a publié le président Donald Trump, sur son réseau Truth Social, sans donner de détails.

Quelques heures plus tôt, l'agence de presse Bloomberg, citant des sources proches du dossier non identifiées, écrivait que Pékin avait ordonné à ses compagnies aériennes de suspendre toute réception d'avions fabriqués par Boeing et «de stopper tout achat d'équipements et de pièces détachées pour avions auprès d'entreprises américaines».

M. Trump a imposé des droits de douane allant jusqu'à 145% sur une grande quantité de produits chinois. En réaction, le géant asiatique a imposé des surtaxes douanières de 125% sur les marchandises américaines.

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Mais ces surtaxes chinoises font plus que doubler le coût des avions et des pièces détachées fabriqués aux États-Unis.

Sollicité par l'AFP, le ministère chinois des Affaires étrangères n'a pas répondu immédiatement.

De son côté, Boeing n'a pas souhaité commenter.

Vers 17H40 GMT, l'action Boeing perdait 0,95%.

La semaine dernière, Bloomberg indiquait que la compagnie chinoise Juneyao Airlines avait repoussé la livraison d'un Boeing 787-9 Dreamliner à cause des nouveaux droits de douane.

D'après le site de Boeing, son carnet de commandes contenait à fin mars 130 avions destinés à des clients chinois (compagnies aériennes et sociétés de leasing). Mais certains clients préférant rester non identifiés, ce pourrait être davantage.

D'après les analystes de Bank of America, Boeing doit livrer 29 avions en 2025 à des entreprises chinoises identifiées, mais une «large» partie des clients non identifiés ayant acheté 668 avions seraient en réalité chinois.

«Pas surpris»

«La Chine représente environ 20% du marché des avions commerciaux pour les vingt prochaines années», indiquent-ils dans une note, estimant que «l'administration américaine ne peut ignorer Boeing».

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L'avionneur étant «le plus gros exportateur américain (...), nous ne sommes pas surpris par l'initiative de la Chine. Cependant, nous ne pensons pas que ce soit supportable dans le temps», relèvent-ils.

Selon eux, le concurrent européen Airbus ne peut se substituer à Boeing ne serait-ce que parce que son carnet de commandes affiche complet jusqu'à la fin de la décennie et le chinois Comac «est très dépendant de fournisseurs américains».

Si le blocage des livraisons se confirmait, il affecterait directement la balance commerciale américaine qui a déjà souffert en 2024 du fait de Boeing.

Car sa production a fortement ralenti à cause de moult problèmes de qualité ayant émergé lors d'un incident en vol en janvier 2024, et deux usines ont été paralysées par une grève de plus de cinquante jours à l'automne.

Selon les statistiques officielles américaines, les exportations d'avions commerciaux ont atteint 4,23 milliards en août mais seulement 2,56 milliards en septembre, 2,34 milliards en octobre et 1,76 milliard en novembre.

En décembre, lorsque les livraisons de Boeing ont repris progressivement, le montant est remonté à 3,12 milliards.

Kelly Ortberg, patron de Boeing depuis août, a souligné début avril devant le Sénat que le groupe soutenait 1,8 million d'emplois aux États-Unis et contribuait à hauteur de 84 milliards $ US chaque année à l'économie du pays.

Le gel des livraisons aurait également des conséquences directes pour le groupe qui perçoit traditionnellement 60% du prix à la livraison.

Du fait de l'«annus horribilis» de 2024, il puise lourdement dans une trésorerie déjà atrophiée par la pandémie de Covid-19 et par deux crashes ayant fait 346 morts, qui ont entraîné la suspension des vols des 737 MAX pendant au moins vingt mois.

La Chine a été la dernière à les autoriser de nouveau dans son ciel — en janvier 2023, soit deux ans après l'Europe — et à reprendre les livraisons auprès de Boeing — en décembre 2023.

Mais Pékin n'est pas sa seule menace.

Michael O'Leary, patron de Ryanair, première compagnie aérienne d'Europe en nombre de passagers, a également menacé mardi de repousser la réception de 25 Boeing attendus à partir d'août s'ils coûtaient plus cher à cause des droits de douane.

Ryanair, très gros client du groupe, a notamment passé commande en mai 2023 pour 300 737 MAX 10, dont 150 fermes, pour un prix catalogue «évalué à plus de 40 milliards $».

Ed Bastian, patron de Delta Air Lines, a affirmé la semaine dernière qu'il n'entendait pas payer de droits de douane sur les Airbus qu'il attend cette année.

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