Guerre commerciale: des cornichons du Québec à la rescousse d’une entreprise américaine?

Gabriel Côté
Le plus important producteur de cornichons au Québec pourrait jouer les héros et venir en aide à un gros concurrent américain qui a perdu des plumes en raison de la guerre tarifaire.
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«Il faut que tous les joueurs soient en santé afin de préserver l’équilibre dans la chaîne agroalimentaire», explique Daniel Jurkovic, co-propriétaire des aliments Putters, le plus gros producteur de cornichons au pays.
Comme le rapportait Le Journal plus tôt cette semaine, les cornichons de la populaire marque Bick’s, qui appartient à la compagnie américaine TreeHouse Foods, ont disparu d’environ 30% des épiceries au Canada, en raison de la guerre tarifaire.
Les contre-tarifs sur les concombres et les cornichons ont fait grimper les prix de ce produit transformé et emballé aux États-Unis.
«À court terme, un gros joueur en difficulté représente une opportunité pour nous de pousser notre marque», convient M. Jurkovic.
«Toutefois, il ne faut pas oublier que Bick’s achète quand même une bonne partie des concombres en Ontario, ajoute-t-il aussitôt. Nous faisons affaire avec ces mêmes fournisseurs, et une baisse de volume pour eux, ce n’est pas une bonne chose pour nous.»
Penser à long terme
Dans ce contexte, Putters pourrait «absolument» essayer de s’approprier l’espace laissé vacant sur les tablettes par l’absence de son concurrent. Mais, chose étonnante, il n’est pas exclu non plus de lui tendre la main.
«On pourrait faire du copacking*pour eux autres [*transformer et emballer des produits pour leur compte. NDLR]», dit M. Jurkovic.

«C’est une bonne compagnie. Ils ne méritent pas ce qui leur arrive. Nous, on veut avoir un marché sain et équilibré, qui force les gens à se démarquer via la qualité de leurs produits et une offre de prix concurrentielle», songe l’entrepreneur.
«Quand il y a une vague comme les tarifs, ce n’est jamais une bonne chose, car tu peux te retrouver des deux côtés de la vague», illustre-t-il.
Le bon côté de la vague
Pour l’instant, Putters se trouve du bon côté. La vague anti-Trump et l’engouement pour l’achat local ont permis à l’entreprise québécoise d’augmenter considérablement ses volumes, «entre 30% et 40%», selon M. Jurkovic.
En fait, la guerre commerciale a agi comme un «accélérateur». Putters a en effet travaillé à consolider le marché canadien en 2024, s’imposant comme le plus gros joueur au pays, et rapatriant des clients qui s’étaient tournés vers des fournisseurs de cornichons américains en l’absence d’une source locale.
«Le regain de popularité pour les produits locaux est venu accélérer les choses.»
Putters achète et transforme environ 10 millions de livres de concombres au Québec, et 5 millions de livres en Ontario.
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