Crise du logement: gros casse-tête pour se loger à Québec
Certains locataires doivent faire des concessions ou revoir leur budget afin de se trouver un nouveau toit


Dominique Lelièvre
La crise du logement se faisait sentir vendredi sur la tradition bien québécoise des déménagements du 1er juillet, alors que plusieurs locataires ont dû se résoudre à se serrer la ceinture ou à faire des concessions pour se trouver un nouveau logis.
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Chaque locataire en déménagement avait son histoire vendredi dans les rues de Québec, en raison des logements qui sont de plus en plus chers et difficiles à trouver.
«C’est dur avec les prix. Il faut que tu aies un bon budget pour trouver de bons appartements qui conviennent pour les familles», constate Jérémy Francœur-Lord, père d’un garçon d’un an.
Le jeune homme de 23 ans et sa conjointe, qui attendent un nouvel enfant, ont finalement déniché dans le quartier Saint-Sauveur un appartement assez grand pour accueillir leur famille, mais ont dû opter pour la colocation afin d’alléger la facture.

Des compromis
Le couple partagera donc le cinq et demie avec le frère de M. Francœur-Lord, lui-même père monoparental avec la garde partagée d’une fille.
«Il [l’appartement] est vraiment à la limite de ce que je peux me payer. Je vais couper à bien des places. Je ne peux pas dépenser autant qu’avant. On va être trois à payer, mais ça reste cher pareil pour la grosseur qu’on a», dit M. Franœur-Lord, un monteur de chantiers pour une compagnie de signalisation routière.
D’autres ont dû faire des compromis sur l’emplacement de leur nouvel appartement. Lors du passage du Journal dans Saint-Jean-Baptiste, Rose Tremblay-Fontaine expliquait qu’elle quittait le quartier à regret, car ses besoins ont changé.
«Je m’en vais dans Saint-Roch. J’ai trouvé un trois et demie pas trop cher, et c’est vraiment parce que c’est une petite propriétaire qu’elle ne le fait pas cher. C’était impossible de trouver dans Saint-Jean-Baptiste. Les prix sont trop hauts, il n’y a rien en bas de 900$», soupire l’étudiante.

55 dossiers non réglés
Signe que la crise du logement est bien installée à Québec, l’Office municipal d’habitation (OMHQ) a accompagné près de 550 ménages dans la recherche d’un logement depuis le début de l’année, soit plus du double qu’à pareille date en 2021.
Vendredi, environ 55 dossiers n’étaient pas encore réglés, car les demandeurs étaient toujours en recherche de logement, dans une situation alternative (en hébergement chez des proches) ou parce qu’ils ont signé un bail qui ne commence qu’à la fin de l’été.
«Il n’y a personne dans la rue, c’est bien important de le mentionner», a rassuré Sébastien Olivier, directeur du développement organisationnel.
Selon un recensement du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), le prix moyen des loyers affichés sur la plateforme Kijiji dans les derniers mois s’élève à 1002$ dans la région de Québec, en hausse de 6% sur une année.
«C’est sûr qu’il y a une bonne part des locataires qui ont signé [un bail], qui vont emménager aujourd’hui dans des logements en sachant qu’il y a une trop grosse part de leur budget qui va aller au loyer», s’alarme Jonathan Carmichael, porte-parole du Bureau d’animation et d’information logement du Québec métropolitain (BAIL).
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