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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Grève du RTC: chez les intervenants communautaires, déjà une semaine à recevoir la détresse!

Photo d'archives, Agence QMI
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Emilie Frémont-Cloutier du TRAAQ et Marie-Soleil Gagné d’Accès transports viables

2025-07-10T20:02:18Z
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Nous prenons la plume aujourd’hui car nous travaillons dans le milieu communautaire et œuvrons à la défense des droits de personnes utilisant les transports collectifs. Nous sommes donc aux premières loges pour constater l’importance des services de transport collectif dans le quotidien des gens, particulièrement pour les personnes en situation de vulnérabilité. 

Des appels et des courriels de gens en détresse, ne sachant pas comment se déplacer faute de moyens à leur disposition, c’est notre quotidien depuis l’arrêt complet des services réguliers du RTC dans le cadre de la grève des employés de l’entretien. Permettez-nous de partager avec vous certains constats après ces premiers jours de grève.

Au-delà de l’immobilisme forcé expérimenté par les personnes captives du transport collectif, ce sont les sentiments d’isolement, d’humiliation et d’atteinte à la dignité qui reviennent très souvent dans les témoignages. Sans parler de la crainte légitime de ne pas pouvoir combler ses besoins de base, ou ceux de sa propre famille, ou de pouvoir se déplacer rapidement pour une raison de sécurité.

Impacts

Le Collectif pour un transport abordable et accessible à Québec (TRAAQ) est en contact constant avec des travailleurs de plusieurs organismes qui font état d'autres impacts graves. On parle de rendez-vous importants manqués par manque de ressources financières, de personnes vulnérables devant marcher de longues heures afin d’accéder à des ressources. Pour le milieu communautaire, c’est une situation de crise.

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Chez Accès transports viables, qui promeut depuis plusieurs années le droit à la mobilité, on constate que la grève accentue le déficit de mobilité de nombreuses personnes à Québec. Vivre un déficit de mobilité, c’est être invisible dans l’espace public puisque confiné dans son espace privé. C’est dramatique et ça peut avoir des impacts très concrets sur la vie sociale et économique des personnes. Dans le cas de la grève, nombreuses sont les personnes nous ayant mentionné une perte salariale faute de moyen de déplacement.

Certes, le STAC et le flexibus sont maintenus. Par contre, les arrêts d’autobus du RTC étant dorénavant majoritairement accessibles universellement, nombreuses sont les personnes ayant des incapacités motrices à utiliser les services réguliers du RTC. Nous nous indignons du manque de considération pour la situation de ces

personnes qui sont laissées pour compte.

Réflexion collective

Alors que nous prenons acte de tous ces gens qui en arrachent pour répondre à leurs besoins les plus fondamentaux, nous croyons qu'une réflexion collective s’impose. Nous ne remettons pas pour autant en question le recours à des moyens de grève mais considérons qu’un service minimum devrait être maintenu afin de concilier les droits des travailleurs et le droit à la mobilité des personnes les plus vulnérables.

À ceux impliqués dans ce conflit de travail de près et de loin, nous demandons d’assurer la part de responsabilités qu’ils ont dans ce qui a cours en ce moment et de trouver une entente dans les plus brefs délais. Calmons le jeu. Pensons aux moins nantis que soi. Et, invitons-nous à se poser cette question toute simple : comment réagiriez-vous si le transport collectif était votre seule option ?

Emilie Frémont-Cloutier du TRAAQ

Marie-Soleil Gagné d’Accès transports viables

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