Grève des transports aberrante


Loïc Tassé
Environ 2400 employés prennent en otage plus d’un million de personnes. La grève du service de transport en commun de la ville de Montréal révèle des aberrations chez le syndicat des employés d’entretien, au sein de la direction de la STM et dans le gouvernement de François Legault.
La grève des services de transport en commun aura des effets désastreux sur la vie des Montréalais, à commencer par les enfants des écoles secondaires dont plusieurs entrent en semaines d’examens. Leurs horaires sont souvent incompatibles avec ceux proposés par la STM.
On notera à cet égard la belle échelle des priorités dont nous gratifient les dirigeants syndicaux et patronaux. Le Grand Prix mérite une suspension temporaire de la grève, mais pas le reste. Pour eux, les touristes étrangers sont plus importants que nos enfants.
Syndicats trop exigeants
Les employés d’entretien se plaignent essentiellement des horaires et de certaines tâches que la STM voudrait donner en sous-traitance.
Il faut leur rappeler une vérité désagréable. Pour ce genre d’emploi, la STM exige un diplôme de secondaire V, soit un niveau d’étude inférieur à celui de 70% des Québécois de 25 à 55 ans. Pour ce travail, la STM paie ses employés largement au-dessus du salaire moyen au Québec et elle offre en plus de généreux avantages sociaux.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Dans ces conditions, est-il raisonnable de se plaindre de travailler la nuit pendant les 10 premières années d’embauche? Non.
La sous-traitance est une lame à deux tranchants. Trop de sous-traitance fait perdre aux organisations publiques les capacités de réaliser elles-mêmes diverses tâches. Éventuellement, ces organismes ne parviennent plus à évaluer correctement leurs coûts, et les sous-traitants abusent de leur position. Parlez-en à la SAAQ.
Inversement, dans certaines organisations, les syndicats abaissent la productivité avec toutes sortes d’exigences rigides et tatillonnes. Un peu d’infusion de sous-traitance peut les aider à revenir sur Terre.
La direction de la STM est aussi fautive. Elle gaspille l’argent des contribuables. Par exemple, elle veut creuser dans le roc un nouveau puit d’aération sur la rue Bellechasse, au coût de 50 millions de dollars. Pourquoi ne pas rénover et rouvrir celui se trouvant à quelques centaines de mètres, sur la rue Saint-Vallier? La direction prétend de manière peu convaincante qu'il est en fin de vie. N'est-ce pas le cas de nombreuses structures du métro après 60 ans?Autre exemple : STM a construit à fort coût des ascenseurs dans d’anciennes stations de métro. Pour l’instant mis sur la glace, les travaux pour ajouter de nouveaux ascenseurs dans cinq stations visées coûteraient environ 300 millions de dollars.Qui utilise les ascenseurs ? Des handicapés? À peu près pas. Plutôt des personnes qui pour l’immense majorité peuvent très bien emprunter des escaliers mobiles. Il vaudrait mieux ne pas avoir effectué les dépenses déjà encourues et avoir mis une partie de l’argent épargné dans du transport adapté qui lui, coûte beaucoup moins cher.Et, évidemment, abandonner pour de bon ces projets d’ajouts de nouveaux ascenseurs.
Mais la palme de l’aberration revient au gouvernement du Québec. Au lieu d’exiger un service continu, quoique peut-être réduit, il accepte de grandes plages horaires sans aucun service. Pas fort.