Le pont de Québec pris d’assaut
Des centaines d’ingénieurs du gouvernement du Québec en grève y défilent de manière symbolique


Jérémy Bernier
Des centaines d’ingénieurs de l’État ont procédé à une marche symbolique sur le pont de Québec à l’occasion de leur première journée de grève, vendredi matin, pour dénoncer un retard salarial « inconcevable ».
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« L’ingénieur en génie civil au gouvernement, c’est celui qui est le moins bien payé de tout le Québec. C’est inconcevable ! » peste Marc-André Martin, président de l’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec (APIGQ).
Vers 8 h 30, il faisait partie des quelque 700 individus à traverser le lien entre les deux rives pour dénoncer le manque d’ouverture du gouvernement dans leur négociation qui perdure depuis plus de deux ans.

Un geste symbolique pour les organisateurs puisqu’il représente la porte d’entrée de la ville où se trouvent la plupart des membres de l’APIGQ. Il s’agit également d’une infrastructure sur laquelle travaillent les ingénieurs du gouvernement depuis des décennies.
« Avec les 77 G$ qui seront investis en infrastructure d’ici les trois prochaines années, il y a de l’argent pour tout le monde, sauf pour les ingénieurs qui devront gérer ces investissements majeurs. C’est incompréhensible », déplore M. Martin, qui représente près de 1800 travailleurs.
Un retard à rattraper
La grève qui a débuté vendredi est une « réaction directe » à l’offre salariale déposée par le Secrétariat du Conseil du trésor. Selon l’APIGQ, cette offre ne serait pas plus élevée que l’inflation actuelle.
Pourtant, un rapport émis par le juge Paul-Arthur Gendreau en 2019 indiquait que les ingénieurs du gouvernement accusaient un retard de 32,1 % par rapport à leurs collègues des autres fonctions publiques et des villes.

En moyenne, la rémunération des autres professionnels du gouvernement est « seulement » 18,7 % moins élevée par rapport à leur marché.
Cette situation cause une problématique importante au niveau de l’attraction et de la rétention de l’expertise en génie au sein de l’État, affirme-t-on.

« On est prêt à mettre de l’eau dans notre vin. On leur demande d’être aussi en retard que les autres, avec un rattrapage de 14,7 %. Mais le Conseil du trésor le balaye de la main sans nous expliquer pourquoi », dénonce Marc-André Martin.
Des impacts majeurs
Bitume Québec, qui regroupe les fournisseurs d’asphalte de la province, s’était dit inquiet, jeudi, des conséquences « dramatiques » d’une telle grève sur les différents chantiers routiers majeurs qui doivent débuter dans les prochaines semaines.
L’APIGQ confirme également que la grève, si elle perdure, aura des impacts majeurs dans la province. « On souhaite un dénouement rapide, mais on est prêt pour que ça dure », affirme le président de l’association.

Le ministère des Transports (MTQ) indique de son côté que les services essentiels, notamment des inspections ou des interventions d’urgence, seront maintenus.
Invité à réagir, le Secrétariat du Conseil du trésor a indiqué avoir déposé « une offre significative qui rejoint les préoccupations [...] du rapport Gendreau, [incluant] une hausse de rémunération et de propositions, qui démontre tout le sérieux accordé par le gouvernement envers les ingénieurs ».
Une centaine de membres de l’APIGQ se sont aussi rassemblés à Montréal, devant les bureaux de la Direction générale principale de la région du MTQ.
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