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L'article provient de Le Journal de Québec
Opinions

Grève des ingénieurs de l’État: l’urgence d’agir

Photo Marcel Tremblay
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Steeve Gonthier, président de l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec

2022-06-10T09:00:00Z
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La grève des ingénieurs de l’État québécois perdure depuis le 22 avril dernier. Cinquante jours au cours desquels des chantiers sont paralysés faute de surveillance, des travaux sont retardés en raison des appels d’offres qui tardent à être publiés, la planification des travaux est mise sur pause.  

Encore plus inquiétant, ce conflit de travail se déroule dans la plus grande indifférence. Et pourtant, ce conflit de travail apporte son lot de conséquences dramatiques pour la société québécoise, en plus d’occasionner des dommages irréparables aux entrepreneurs du secteur génie civil et voirie. 

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Au Québec, en raison de notre hiver, les travaux routiers sont concentrés sur une saison excessivement limitée. Si, par exemple, les travaux de pavage n’ont pas lieu durant cette période critique, le réseau routier se détériore encore davantage, annihilant les efforts de redressement de ces infrastructures. 

C’est bien connu, les Québécois sont exaspérés lorsque la saison des travaux routiers reprend. Cette année, leur patience sera mise à rude épreuve car non seulement les entraves à la circulation vont demeurer malgré des chantiers routiers déserts, mais elles se prolongeront tant et aussi longtemps que les travaux ne seront pas complétés. Dans la mesure où le conflit de travail se termine et que les chantiers reprennent... Des travaux qui se prolongent, ce sont aussi des travaux qui coûtent plus cher, surtout dans le contexte d’une inflation galopante. 

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Problèmes de main-d’œuvre

Pendant ce temps, les entrepreneurs – qui manquent déjà cruellement de main-d’œuvre – ne peuvent faire travailler leurs employés. Cette situation pourrait créer un grave préjudice aux entrepreneurs touchés qui ne pourront retenir leurs employés indéfiniment et qui risquent de perdre ceux-ci au détriment d’entrepreneurs œuvrant au privé ou dont les travaux ne sont pas supervisés par les ingénieurs de l’État. 

Les contribuables québécois passeront aussi à la caisse de cette incapacité à s’entendre entre l’État et l’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec. 

Les entrepreneurs n’auront d’autres choix que de procéder à réclamations pour des contrats qu’ils ont dûment remportés, mais qu’ils ne peuvent exécuter. Chaque jour qui passe, on estime que les réclamations pourraient avoisiner les 10 millions de dollars. Faites le calcul, le conflit de travail a débuté il y a 50 jours et les négociations semblent au point mort... On pourrait facilement atteindre le cap du demi-milliard de dollars en réclamations. Tout ça, parce qu’un conflit de travail paralyse la courte saison des travaux. 

Inspections et projets remis

Si la grève se prolonge, nos membres craignent que plusieurs projets soient remis à l’année suivante ou simplement annulés. Le report de tels travaux pourrait non seulement compromettre l’état et la sécurité de certains ouvrages pour lesquels des travaux de réfection avaient déjà été planifiés, mais exercera aussi une pression encore plus forte sur les marchés publics, qui sont déjà en état de surchauffe depuis plusieurs années. Qui plus est, nous sommes extrêmement préoccupés par le fait que le ministère des Transports ne pourra vraisemblablement réaliser toutes les inspections des structures qu’il avait planifiés pour l’année 2022 si la grève des ingénieurs devait perdurer. 

D’autre part, l’industrie fait face à une pénurie de divers matériaux et subit l’incertitude des coûts de ceux-ci. Plusieurs entrepreneurs ayant reçu un avis de report des travaux craignent que les matériaux qu’ils ont commandés ne soient plus disponibles à la reprise de ceux-ci ou de perdre leur priorité dans les commandes, ce qui entraînera des retards sur les chantiers pouvant résulter en l’application de pénalités. 

Actuellement, nos entrepreneurs font les frais d’un conflit de travail qui s’envenime et s’éternise. Il est impératif que le gouvernement et ses ingénieurs concluent une entente dans les plus brefs délais. 

Nos entrepreneurs n’acceptent plus d’être pris en otage. Réglez ce conflit au plus vite. 

Photo courtoisie
Photo courtoisie

Steeve Gonthier, président de l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec

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