Grève chez Air Canada: l’image de la compagnie écornée, le mouvement syndical renforcé

Rita St-Michel
La grève en cours à Air Canada ternit sérieusement la réputation du transporteur national, déjà fragilisée auprès du public, tandis que le mouvement syndical sort renforcé de ce conflit, a affirmé l’expert en image de marque Éric Blais sur les ondes de QUB radio.
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Air Canada n’avait déjà pas la cote auprès des voyageurs, a indiqué Éric Blais, président de Headspace Marketing, dans une entrevue accordée à QUB radio et télé, diffusée simultanément au 99,5FM Montréal, lundi.
«C’est une des entreprises que les Canadiens aiment détester», affirme-t-il.
Les multiples retards, la complexité du service à la clientèle et les tarifs élevés auraient longtemps alimenté ce ressentiment.
La grève actuelle ne ferait qu’exacerber cette perception négative, selon le spécialiste.
Du côté syndical, la dynamique serait tout autre.
«L’opinion publique penche maintenant du côté des agents de bord [...] ils considèrent que c’est inéquitable de ne pas payer les employés lorsqu’ils sont au sol».
M. Blais estime que, quand les revendications des employés sont perçues comme justes et légitimes, la grève devient un levier qui renforce la solidarité syndicale et rallie une partie de l’opinion publique.
Il faut dire que les conditions de travail, la reconnaissance salariale et la sécurité sont des enjeux qui trouvent un écho favorable auprès des Canadiens.
Pour Éric Blais, Air Canada aura fort à faire pour regagner la confiance des consommateurs après le conflit, car l’oubli est rarement immédiat.
À l’ère des réseaux sociaux, chaque expérience négative circule et s’ajoute au récit collectif d’une marque.
Le spécialiste en image de marque a souligné que, chaque fois que des passagers se retrouvaient coincés à l’aéroport ou privés de vacances, la marque encaissait un coup et que l’opinion publique ne l’oubliait pas.
La crise actuelle mettrait en lumière un contraste saisissant: d’un côté, une entreprise dont l’image était déjà affaiblie et, de l’autre, un mouvement syndical parvenant à s’imposer comme défenseur légitime des intérêts des travailleurs.
Dans un contexte où Air Canada doit déjà composer avec une clientèle mécontente et des tarifs souvent jugés trop élevés, cette grève pourrait laisser des traces durables.
«Tout ça, ça ne s’oublie pas, ça fait partie de la façon dont les gens perçoivent l’entreprise», conclut-il.
Voyez l’entrevue complète avec Éric Blais dans la vidéo ci-dessus.