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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Gregory Woolley, médiateur infructueux entre le gang Arab Power et Tony Accurso

Avant d'être assassiné, il avait participé à une série de rencontres dans un commerce de la couronne nord de Montréal

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Jean-Louis Fortin, Marc Sandreschi, Félix Séguin et Eric Thibault

2024-10-26T04:00:00Z
2024-10-26T13:49:48Z
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Quelques mois avant d’être assassiné par balles, l’ancien «parrain des gangs», Gregory Woolley, avait tenté sans succès d’agir en médiateur à la suite d'une série d’événements violents ayant ciblé Tony Accurso et sa famille.

• À lire aussi: Crime organisé: le caïd Gregory Woolley a prédit «un carnage» après avoir échoué à raisonner l’un des gangs qui inquiètent la police

Notre Bureau d’enquête a appris que Woolley, tué en novembre 2023, avait participé à plusieurs rencontres dans un commerce de la couronne nord de Montréal, à partir de l’été de la même année.

Gregory Woolley
Gregory Woolley PHOTO MAXIME DELAND/AGENCE QMI

Ses interlocuteurs étaient des représentants du gang Arab Power. Ce groupe criminel de plus en plus influent est soupçonné par la police d’être à l’origine d’actes d’extorsion violents un peu partout dans la métropole.

Ses deux principaux dirigeants, Youness Aithaqi et Sylvain Kabbouchi, sont en prison, mais peuvent tout de même donner des ordres grâce aux téléphones intelligents qui circulent allègrement dans le milieu carcéral.

Youness Aithaqi, alias «Frérot».
Youness Aithaqi, alias «Frérot». Photo de courtoisie

«Greg a dit aux Arabes: ne touchez pas à Accurso», rapporte une source très au courant des événements, qui a requis l’anonymat car elle craint pour sa sécurité.

Plusieurs attentats
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Au cours de l’année précédant ces rencontres, Tony Accurso et ses enfants avaient été visés par au moins quatre attentats qui auraient pu avoir des conséquences tragiques. Dans un quartier résidentiel d’ordinaire paisible de Deux-Montagnes, sa maison de même que celle de son fils ont été visées par des coups de feu. 

Des coups de feu ont retenti en août 2022
Des coups de feu ont retenti en août 2022 Photo Agence QMI, Pascal Girard

Puis, en octobre 2022, la résidence de sa fille a été ravagée par un incendie criminel.

Ni M. Accurso ni son avocat n’ont voulu faire de commentaire en lien avec cette affaire.

Échec

Manifestement, les tentatives de Gregory Woolley pour apaiser les tensions ont échoué. Non seulement il a été tué par balles à Saint-Jean-sur-Richelieu dans les semaines suivantes, en présence de sa femme et de leur bébé de quelques jours, mais les actes d’intimidation contre Accurso et sa famille se sont également poursuivis.

C’est ainsi qu’en avril 2024, le local d'une entreprise antérieurement liée à sa fille et son conjoint a été visé par un cocktail Molotov.

Quelques jours après, des coups de feu ont été tirés sur la porte de garage de la maison de Giuseppe Molluso, le cousin de Tony Accurso et aussi son voisin.

Tony Accurso
Tony Accurso Photo d'archives Pierre-Paul Poulin

Comble de l’ironie, cet autre incident a valu à Tony Accurso de retourner brièvement en prison... pour non-respect de conditions. Condamné pour corruption dans l’octroi des contrats municipaux à Laval, il lui était notamment interdit de communiquer avec Molluso, l’un des participants au stratagème.

Or, le soir où des coups de feu ont été tirés sur la maison de son cousin, Accurso a eu le malheur d’aller voir ce dernier pour s’assurer qu’il était indemne. Mal lui en prit.

Le portrait change

Longtemps considéré comme celui qui pouvait régler les conflits entre les gangs de rue de la métropole, Gregory Woolley avait de plus en plus de mal, depuis 2022, à faire entendre raison aux nouveaux joueurs qui tentent de s’imposer.

Notre Bureau d’enquête présente d’ailleurs des détails inédits sur cette période charnière qui a changé le portrait du crime organisé dans tout le Québec, à lire ici.

Il y a deux semaines, en point de presse, le directeur Fady Dagher et le commandant Francis Renaud, de la police de Montréal, ont décrit une scène criminelle où il n’y a plus de patron et où les gangs aux allégeances mouvantes n’hésitent pas à recruter des jeunes à peine sortis de l’enfance pour commettre des délits.

Fady Dagher
Fady Dagher Photo Agence QMI, JOËL LEMAY

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