Grande transformation informatique à la RAMQ

La Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) lance un projet majeur de transformation numérique estimé à 300 M$ qui ferait entrer l’organisme au 21^e siècle dans sa gestion et ses services à la population.

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Les grandes lignes du projet, qui s’inscrit dans la volonté du gouvernement de faire passer plusieurs services gouvernementaux au numérique, sont dévoilées dans un appel d’offres lancé mercredi. On y cherche un mandataire «d’accompagnement stratégique dans le cadre de la transformation numérique et de l’expérience client».

L’appel d’offres avait été publié une première fois en juillet dernier avant d’être annulé sans explication en septembre. Trois entreprises avaient soumissionné à ce moment.

Selon le document republié cette semaine, la RAMQ a entrepris l’an dernier une grande réflexion «afin de répondre aux besoins d’affaires, mais également d’assurer la mise à niveau de son parc informatique».

«Désuétude technologique»

Le projet est majeur, la Régie disposant d’un parc technologique d’une valeur de 400 M$ en opération sur 157 systèmes différents, dont plusieurs «devenus désuets» admet-on.

«Malgré la robustesse et la sécurité de ces systèmes, plusieurs de ceux-ci ont été bâtis et conçus dans une perspective d’offre de service plus traditionnelle, soit par courrier, par téléphone ou en personne», peut-on lire dans l’appel d’offres.

À terme, la RAMQ veut donc faciliter la vie des citoyens et des professionnels de la santé qui travaillent au quotidien avec ses systèmes, comme l’avait souhaité le ministre de la Santé, Christian Dubé, lors de la présentation du projet de loi 19.

«Vous devez un jour – puis ça, c'est la vision – avoir l'information que vous avez et que nous avons sur le système dans votre téléphone ou dans votre ordinateur à la maison», réclamait le ministre en décembre 2021, ajoutant au surplus souhaiter un «tableau de bord» de l’état du réseau.

Échéancier de sept ans

Signe de l’imposant chantier qui l’attend, la RAMQ prévoit de longues échéances et une enveloppe avoisinant les 300 M$ pour venir à bout de cette transformation.

Selon les documents publiés, la phase 1 de «migration et modernisation» se déploiera sur deux ans, alors que la phase 2 de «transformation» s’étirera sur sept ans au total. Une plateforme numérique client permettant un accès aux services de la RAMQ «en mode libre-service» doit voir le jour dans les 18 premiers mois, tandis que tout l’écosystème d’assurance de la Régie sera remodelé sur cinq ans.

Le budget estimé en fait l’un des projets informatiques aux ambitions les plus importantes dans l’histoire du gouvernement. Or, comme les systèmes SAGIR, RENIR et DSQ de ce monde l’ont démontré par le passé avec d’énormes dépassements de coûts, l’entreprise est risquée. 

«Ce type de transformation comporte des risques qui peuvent être atténués par une gouvernance éclairée», reconnaît l’organisme, indiquant que l’entreprise sélectionnée comme accompagnant stratégique «ne pourra soumissionner de près ou de loin sur les appels d’offres qui porteront sur des [services ou acquisitions]» en raison du «besoin d’indépendance» du contrat de chien de garde du projet.

La RAMQ et l’informatique en bref

• 8,2 millions de personnes couvertes par le régime
• 3,7 millions de personnes couvertes par l’assurance-médicaments
• 57 000 professionnels de la santé dispensateurs de services
• 320 millions de demandes de paiement annuellement
• 157 systèmes informatiques différents, représentant 25 000 composants, dont plusieurs sont désuets