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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Grand prix et prostitution: on s’active en ligne pour contrer le recrutement de victimes potentielles

Photo ADOBE STOCK
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Photo portrait de Maria Mourani

Maria Mourani

2025-06-13T04:00:00Z
2025-06-13T04:05:00Z
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Notre chroniqueuse Maria Mourani est criminologue, sociologue et présidente de Mourani-Criminologie. Spécialisée dans les gangs de rue, le crime organisé, la traite des personnes et l’exploitation sexuelle, elle suit de près les activités illicites en marge du Grand Prix de Montréal.


Pendant que les moteurs rugissent au Grand Prix, une autre équipe travaille dans l’ombre: celle de La Sortie.

Durant cette fin de semaine, l’organisme prévoit d’intensifier la présence de ses intervenantes dans les pages interactives du Grand Prix et celles de ses partenaires pour barrer le chemin à ceux qui voudraient y manipuler ou recruter des personnes vulnérables.

Le rôle de cette équipe d’employés et de bénévoles qui se relaient 24 h sur 24: contrer les mythes, répondre aux commentaires, démonter les récits glamour qui entourent la prostitution.

Des employés de La Sortie, organisme d'aide aux victimes d'exploitation sexuelle à l’œuvre à Montréal. PHOTO FOURNIE PAR LA SORTIE
Des employés de La Sortie, organisme d'aide aux victimes d'exploitation sexuelle à l’œuvre à Montréal. PHOTO FOURNIE PAR LA SORTIE PHOTO FOURNIE PAR LA SORTIE

Et surtout, intervenir dès qu’un signe de recrutement ou d’hameçonnage apparaît.

Une veille nécessaire, dans un contexte où la frontière entre séduction et prédation peut vite devenir floue.

Présence dans les réseaux sociaux

En parallèle, les équipes de La Sortie et de Mourani-Criminologie lancent leur campagne, intitulée «Tu vaux mieux que ça!».

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Image fournie par La Sortie
Image fournie par La Sortie

Elle s’adresse à ces adolescentes et ces adolescents qui sont directement ciblés pour servir de gourmandises durant les festivités de cette fin de semaine.

Pourquoi cible-t-on les mineurs? Tout simplement parce que la demande vise précisément cette catégorie d’âge. Et dans ce milieu, le client dicte les règles.

Les proxénètes le savent. Ils sont à l’affût, prêts à offrir aux touristes ce qu’ils sont venus chercher chez nous, parce qu’une mineure peut rapporter jusqu’à 10 000$ par jour à un proxénète. C’est froid, brutal, mais réel.

Aujourd’hui, la chasse se fait en ligne. Dans Instagram et Snapchat, là où les jeunes partagent leur quotidien, leur mal-être, leur besoin d’attention.

Alors, nous diffusons dans les réseaux sociaux.

Notre message est simple, mais puissant: ta valeur ne se mesure pas en billets, ni en clics, ni en performances sexuelles. Tu n’es pas un produit. Et tu n’as rien à prouver à ceux qui veulent profiter de ta vulnérabilité.

Cette campagne est un rappel que, derrière les paillettes et la vitesse, il y a une autre réalité. Celle de jeunes filles et de garçons ciblés pour leur naïveté, leur besoin d’amour, d’argent ou simplement d’exister aux yeux de quelqu’un.

La campagne décortique les méthodes de recrutement des proxénètes et invite les jeunes à doubler de vigilance.

Il y a encore trop de jeunes qui se font prendre au jeu de l’amour et de l’argent.

Et si on prenait comme exemple la Suède?

En Suède, une campagne nationale intitulée «Don’t let the silence speak» mise sur un levier trop souvent ignoré: les témoins.

Elle invite les garçons et les hommes à réagir lorsqu’un proche parle d’acheter des services sexuels.

L’idée est simple: briser le silence, parce que se taire, c’est cautionner.

Diffusée dans les cinémas, les réseaux sociaux et les plateformes de streaming, la campagne est percutante et pédagogique. Pas de jugement, juste un appel au courage civique.

Un bon exemple à suivre en cette fin de semaine de «ouf»!

Arrêtez de fermer les yeux, et commencez à parler!

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