Gorton et Hughes envoient un signal clair au groupe

Jean-Charles Lajoie
Au retour de la pause de la Confrontation des 4 nations, je rêvassais à voix haute. Je disais: «Si le CH gagne cinq matchs de suite avant de partir dans l’Ouest canadien, alors on aura une superbe fin de saison, une fin de saison excitante avec une course pour une place en séries éliminatoires».
La rêverie s’est avérée, le groupe de joueurs de Martin St-Louis, soudé et heureux, vient de terrasser cinq clubs de suite et se ramène à un petit point des derniers rangs donnant accès aux séries éliminatoires*.
Les tenants de la reconstruction éternelle trouvent des arguments bidon partout: «On a eu de la misère à battre San Jose.» Au fait, les Sharks ont battu les Maple Leafs de Toronto lundi soir. «Buffalo nous donne du gros trouble, on est clairement pas prêts.» Buffalo était placé en séries par un observateur sur deux en début de saison. Buffalo est un animal blessé qui vide le réservoir du désespoir, ne serait-ce que pour mieux être échangé.
C’est la Ligue nationale de hockey (LNH), un soir donné, tout le monde peut battre tout le monde.
On approche le troisième bilan de saison de Jeff Gorton et Kent Hughes. Jusqu’ici, leur travail est difficilement contestable. Impeccable? C’est un peu trop fort, mais entre ça et exécrable, je choisis impeccable.
Toutefois, le grand plan des architectes de la reconstruction arrive à un carrefour névralgique. Difficile de convenir que le groupe de joueurs défie la logique cette saison. Après tout, le discours au tournoi de golf parlait d’être «dans le mix» cette année. C’est exactement le constat aujourd’hui.
La poussée irrésistible sur cinq semaines entre le 17 décembre et le 21 janvier nous a vendu du beau rêve, un grand rêve de revivre une frénésie d’éliminatoires ici, à Montréal.
Puis, la rechute signée de défaites empilées nous a sérieusement refroidis. La pause de la Confrontation des 4 nations nous a heureusement redonné le goût. Le goût de vivre de grands moments, de regarder du gros, du très gros hockey. Le hockey qu’on aime et qui se joue sur la passion et les émotions. Le hockey qui se traduit en victoires immenses, moteur de fierté des peuples triomphants.
Le Canada comme le Canadien. À l’évidence, ce que vous et moi avons vécu debout devant Crosby et sa bande, Nick Suzuki et bon nombre d’autres joueurs du CH l’ont vécu aussi.
Suzuki mène les compteurs de la ligue avec 13 points en cinq matchs depuis le retour de la pause. Caufield a fracassé la barre des 30 buts pour une première fois. Même Slafkovsky a trois buts et cinq points depuis la réunion avec ses compagnons de trio.
L’équipe avance et progresse très bien, St-Louis a raison de le dire. Tous ces constats plaçaient le singe sur les épaules de Gorton et de Hughes. Il leur revenait à eux de répondre, de prendre position et ils ont décidé de faire un énoncé extraordinaire. La signature de ce nouveau contrat de quatre ans à Jake Evans fait grandir et grossir tous les joueurs dans le vestiaire autant que St-Louis derrière le banc.
La valeur de l’entente fait passer Hughes encore une fois pour un magicien. C’est une façon de voir la chose.
Evans avait une valeur, le Canadien l’a reconnu. Mais Evans a surtout des valeurs et le Canadien l’a aussi reconnu. Enfant de l’organisation, il a adopté Montréal et c’est ici qu’il voulait demeurer en prenant une part active à la suite de la fascinante aventure.
Gorton et Hughes sécurisent leur ligne en centre en vue du prochain camp d’entrainement et ils gardent ici un jeune heureux et désireux d’y être. Ils envoient un signal clair au groupe de joueurs en place.
*Avant les rencontres de mardi.