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L'article provient de TVA Nouvelles

Glissement de terrain à Saguenay: la composition du sol en jeu

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Jean-François Tremblay | TVA Nouvelles

2022-06-17T19:25:01Z
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Si l’orage extrêmement fort qui est tombé lundi en fin de matinée a été un facteur déterminant dans le glissement de terrain qui est survenu dans le secteur de La Baie, à Saguenay, d’autres éléments sont aussi à prendre en considération, comme la composition du sol.

«On a enregistré à La Baie entre 30 et 35 mm de pluie en 25 minutes», a noté Maxime Boivin, professeur en géographie et hydromorphologie à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).Le seul orage de lundi aurait donc été suffisant pour provoquer le glissement de terrain, mais il faut ajouter à cela près de 250 millimètres de pluie qui étaient tombés dans la région depuis la fin mai.

«Même si on n’avait pas eu des conditions hydrologiques et les quantités de pluie qu’on a reçues avant, une intensité de précipitation aussi élevée où on parle de 65, 70, 75 mm par heure fait en sorte que la capacité d’absorption du sol est complètement dépassée», a estimé le professeur.

Le Québec est aussi l’un des endroits au monde où les risques de glissement sont les plus élevés en raison de l’argile.

La composition du sol est donc à prendre en compte. Il y a 10 000 ans, après les glaciers, le Saguenay-Lac-Saint-Jean était immergé. La mer de Laflamme a alors amené beaucoup d’argile dans la région.

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«Ce sont des dépôts argileux qui ont hérité de cette période postglaciaire là. C’est une époque qui a duré environ 2000 ans où on avait environ 100 mètres d’eau au-dessus de nos têtes», a précisé Maxime Boivin.

Quand l’eau s’est retirée, le sol a été recouvert d’argile.

«Avec le sel qui est contenu à l’intérieur de ces argiles-là, ces argiles deviennent ce qu’on appelle des argiles sensibles qui sont susceptibles à différents types de glissement de terrain», a-t-il ajouté.

Le secteur de La Baie est donc bien connu pour ces risques.

«Ce n’est pas tout le secteur qui est à risque. Ce sont vraiment les secteurs où on va avoir des talus. Des secteurs où on va avoir des pentes importantes. La ville de La Baie est reconnue comme étant un des secteurs où il y a le plus de zones de contraintes de glissements de terrain», a-t-il indiqué.

Toute la province est aussi reconnue pour ces facteurs. «On est au Québec dans un secteur, au niveau mondial, le plus à risque des glissements de terrain au niveau des argiles. On en retrouve ailleurs au Québec. L’ensemble des basses terres du Saint-Laurent avec la mer de Champlain à l’époque.»

Le glissement de La Baie ne s’explique cependant pas par le même phénomène qu’à Saint-Jean-Vianney, où l’argile s’était liquéfiée le 4 mai 1971.«À première vue, on n’est pas dans un contexte de glissement de liquéfaction des argiles. Mais on est probablement plus dans un contexte de glissement rotationnel ou d’un glissement de terrain superficiel. Donc, de surface, mais qui engendre quand même des problématiques», a mentionné M. Boivin.

«Mais on n’est pas dans l’ampleur du glissement de terrain de Saint-Jean-Vianney. C’est certain que le risque est encore imminent. On a encore d’énormes quantités d’eau au niveau du sol. On a encore des précipitations qui s’annoncent. Tout va dépendre de l’intensité des précipitations», a-t-il poursuivi.

Le mélange eau, argile et pente est dangereux, mais il y a autre chose à prendre en compte, selon le professeur.

«On peut ajouter aussi toutes les actions humaines. D’ajouter des surpoids au sommet des talus. D’aller travailler mécaniquement des pentes. De faire des coupes d’arbres dans les pentes», a-t-il souligné.

Avec les changements climatiques, les événements extrêmes risquent d’être plus fréquents, selon Maxime Boivin. Il s’agit désormais d’un facteur dans la gestion des risques naturels.

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