Gilbert Rozon dit que c'est lui qui a été victime d’agression sexuelle

Acquitté au criminel d’une agression sexuelle sur Annick Charette, Gilbert Rozon jure désormais que c’est plutôt lui qui a été victime de ce crime il y a 45 ans.

«C’est elle qui vous a agressé?» lui a demandé d’entrée de jeu M^e Bruce Johnston, l’avocat des neuf femmes qui réclament 14 M$ au fondateur de Juste pour rire.

«Oui, absolument, mais je n’ai pas porté plainte», a rétorqué Gilbert Rozon mardi matin, au palais de justice de Montréal.

Selon la version d’Annick Charette, le magnat déchu de l’humour aurait trouvé un prétexte pour l’emmener dans une maison et lui faire des avances. Elle a dû rester dormir à cet endroit et se serait réveillée le lendemain matin alors qu’il la violait.

Au procès criminel tenu en 2020, Gilbert Rozon avait juré avoir respecté le consentement et avait même souligné que c’était M^me Charette qui avait profité de lui pendant qu’il dormait.

Cette version avait soulevé un doute raisonnable chez la juge Mélanie Hébert, même si elle avait cru la victime. L’ex-magnat de l’humour avait ainsi été acquitté.

Embarrassé de porter plainte

Lors de son contre-interrogatoire au procès civil, Rozon est allé encore plus loin, indiquant que cet événement est «considéré aujourd’hui comme une agression», mais qu’un «homme serait embarrassé de porter plainte si une femme nous fait l’amour».

Même si plus d’une dizaine de femmes avaient porté plainte contre lui à la police dans la foulée du mouvement #MoiAussi, seul le dossier d’Annick Charette, aujourd’hui présidente de la Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC–CSN), a finalement mené à des accusations criminelles.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Alexandre Dubé, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Au troisième jour de son contre-interrogatoire, Gilbert Rozon est revenu sur chacune des allégations sexuelles à son égard.

M^e Johnston et sa collègue, M^e Jessica Lelièvre, tentent ainsi de le mettre face à des contradictions entre les différentes versions qu’il a livrées pendant les procédures judiciaires ou lors d’entrevues au fil des ans.

Évasif pendant son contre-interrogatoire

À plusieurs reprises, il a répondu de façon évasive ou n’a tout simplement pas répondu aux interrogations des avocats.

«La façon dont vous tournez les questions, c’est pour me piéger. Je comprends le jeu», a notamment rétorqué l’homme d’affaires de 70 ans.

La salle d’audience était encore une fois bondée mardi, la norme depuis le début de son contre-interrogatoire. Le metteur en scène Dominic Champagne est notamment venu soutenir sa belle-fille, M^e Lelièvre.

«Gilbert Rozon lui-même le dit: c’était une autre époque. Mais cela n’excuse pas les gestes qui ont pu être posés. J’espère que justice va être rendue de façon probante et convaincante, avec des preuves indéniables», a-t-il affirmé aux médias.

Le fondateur de Juste pour rire devra finalement répondre aux questions des avocats représentant le gouvernement québécois mercredi.

Québec est partie au litige puisque Gilbert Rozon conteste la constitutionnalité de deux articles de loi liés aux violences sexuelles en matière civile: la levée de la prescription et un autre rendant impertinents les mythes et stéréotypes.