Ghost of Yotei: une quête de vengeance satisfaisante [Critique]


Kazzie Charbonneau
L’un des plus gros jeux pour la PlayStation 5, Ghost of Yotei, sort au début octobre. Pèse sur start* a eu l’occasion d’y jouer afin d’en faire la critique. On y a découvert un jeu avec très peu de défauts.
Je dois confesser quelque chose: je n’ai pas beaucoup joué à Ghost of Tsushima. Il est sur ma liste «je vais jouer quand j’aurai plus de temps», mais le temps n’arrive jamais. J’ai donc voulu approcher ma critique de Ghost of Yotei avec l’angle de la personne qui n’a pas nécessairement d’attachement envers le titre précédent de la même franchise.
Certes, avoir approfondi Ghost of Tsushima aurait pu enrichir mon expérience avec Yotei. Mais, je peine à voir comment j’aurais pu aimer le jeu plus que ça. Et j’en suis la première surprise.
Je me doutais que Ghost of Yotei allait être un «bon jeu», si on suit une liste un peu arbitraire de ce dont un jeu a besoin pour avoir accompli sa mission. Ce que je ne savais pas, c’est qu’il allait évoquer des émotions que je n’ai pas vécues en gaming depuis Red Dead Redemption 2, l’un de mes jeux préférés de tous les temps. Yotei a comblé mon besoin de «chiller» avec un jeu, de fermer mon cerveau et de choisir mes combats.
Ceci est une critique en cours, puisque je n’ai pas terminé le jeu à 100%, mais après une quarantaine d’heures, j’ai une bonne idée de ses forces et faiblesses.
L’histoire

Vous incarnez Atsu, une jeune femme dans une quête de vengeance afin de retrouver les Yotei Six à Ezo (Hokkaido au Japon aujourd’hui). L'histoire se déroule en 1603, plus de 300 ans après les événements de Ghost of Tsushima. Atsu est une jeune mercenaire qui devient une onryo, un esprit vengeur du folklore japonais.
Un peu comme Beatrix Kiddo de Kill Bill, Atsu a une liste de personnages à éliminer, et rien ne va l’arrêter. Elle cherchera, dans les environs de Mount Yotei, à confronter The Snake, Oni, Kitsune, Dragon, Spider et leur leader samouraï, Lord Saito, seize ans après qu’ils ont massacré sa famille, détruit sa maison et l’ont laissé pour morte. C’est pas un divulgâcheur, puisque cette information a déjà été dévoilée, et c’est exactement là que l’histoire commence.
D’emblée, la quête d’Atsu est venue me chercher. On vit avec elle cet événement destructeur dans des séquences très frappantes. On sent sa douleur, sa rage et son désespoir dès les premières minutes du jeu. Ces séquences du passé ne sont pas totalement passives, non plus. Le jeu aurait pu proposer une simple cinématique qui raconte les événements, mais le joueur y participe légèrement, ce qui est un excellent choix pour garder notre attention et nous impliquer.
Vous avez aussi beaucoup de liberté. Puisque le jeu n’est pas linéaire, vous pouvez généralement aller vers la région de votre choix et l’histoire s’adaptera à votre rythme.
C’est tout ce que je vais vous dire à propos de l’histoire, car Ghost of Yotei brille par son histoire captivante. Il y a des surprises auxquelles je ne m’attendais pas du tout d’un point de vue narratif. Ça arrive quand même rarement dans un jeu vidéo, alors Sucker Punch Productions a «scoré» beaucoup de points de ce côté-là.
Oui, c’est très beau

L’une des forces de Ghost of Tsushima est évidemment son design incroyable. C’est la même chose pour Ghost of Yotei, qui est carrément époustouflant.
J’ai passé beaucoup trop de temps avec le mode photo (décrit ici sur le blogue de PlayStation) afin d’immortaliser certains moments. J’ai compté, et dans mon album, j’ai plus de 100 photos et vidéos. Elles ne peuvent pas encore être diffusées puisque le jeu n’est pas encore sorti, mais je vous promets un album photo bientôt.
Avec ses grands champs remplis de fleurs, ses toundras enneigées, ses animaux sauvages et sa météo dynamique, Yotei plonge le joueur dans une expérience très immersive. J’ai perdu beaucoup de temps, où j’aurais dû avancer la quête principale, à me promener dans les forêts et à grimper des montagnes «juste pour voir ce qu’il y a en haut». C’est un instinct très Breath of the Wild et Red Dead Redemption 2, alors si vous avez aimé ces deux jeux, vous risquez d’aimer celui-ci. Malgré son action sanglante, il est rempli de moments de zénitude et d’exploration qui viennent satisfaire mon côté qui veut décrocher.
Le combat

Ghost of Yotei n’est pas un jeu très compliqué, côté combat. Vous avez plusieurs options d’armes qui seront débloquées au fil de votre aventure, mais vous commencerez avec un katana. Et comme tout bon jeu du genre, vous pouvez améliorer chaque arme et la personnaliser.
J’ai particulièrement aimé utiliser le yari, une lance avec une lame qui permet de faire du combat melee avec un peu plus de distance. Mais chaque arme a ses forces et ses faiblesses, et le jeu vous dira s’il est mieux d’utiliser le katana, ou l’odachi contre certains ennemis. Vous avez aussi des options de combat onryo, et vous pouvez débloquer des aptitudes au fur et à mesure. Et peu importe votre niveau de confort, vous pouvez choisir la difficulté qui vous conviendra.
Les ennemis ne sont pas les plus intelligents vus dans le gaming, surtout si vous décidez d’une approche plus furtive pour éviter la détection, mais ils sont très nombreux. J’étais parfois assez évidente en «cachette», et ils prenaient pas mal de temps à me trouver.
Vous allez devoir libérer des endroits envahis par les ennemis, une recette assez typique d’un jeu d’action-aventure, mais plusieurs de ces quêtes sont secondaires. Si vous vous tannez de la formule, vous pouvez passer tout droit, sauf quand ça fait partie de la quête principale.
Personnellement, j’aime bien libérer un village pour ensuite y collecter le plus d’objets possible afin d’améliorer mes armes ou changer les vêtements d’Atsu. Il y a une bonne quantité de «loot», alors je trouve ça très satisfaisant.
C’est dans le combat que j’ai croisé quelques petits problèmes techniques, surtout par rapport au «loot», étrangement. Parfois, le corps d’un ennemi tombait à travers un mur et je ne pouvais pas le «looter», ce qui est frustrant puisqu’on sait à l’avance ce que contient le cadavre. Parfois, c’est un item qu’on veut! Et en plein combat, le bouton pour fouiller échoue souvent. Il faut parfois attendre quelques secondes après la fin d’une animation pour pouvoir fouiller autour, et je crois que le temps de réponse pourrait être plus rapide.
Je dois aussi souligner la brutalité des combats, surtout si vous activez le mode «Miike», inspiré du réalisateur Takashi Miike, qui rend les animations encore plus sanglantes. Les vêtements et le visage d’Atsu sont souvent couverts de sang après un combat! Je dois l’avouer: j’ai pris beaucoup de photos de ces moments-là, parce que ça impressionne.
Les activités

Vous pouvez, en général, passer tout droit à la quête principale et ignorer les activités secondaires du jeu. Mais personnellement, j’ai adoré pouvoir découvrir, sur chaque région de la carte, des activités originales qui accompagnent magnifiquement l’histoire.
Je pense notamment à la présence d’onsen, des bains où Atsu peut se reposer et réfléchir, ou les toiles qu’elle peut peindre de beaux paysages. Vous pouvez aussi construire un petit camp un peu partout afin de cuisiner, dormir ou jouer du shamisen.
Ces activités sont aussi bénéfiques. Vous allez améliorer vos capacités, collecter des objets, etc. Mais c’est aussi une excellente façon de découvrir la gigantesque carte d’Ezo. Les quêtes de l’histoire principale vont vous faire voyager, mais si vous essayez les quêtes secondaires, vous allez presque tout voir. Évidemment, ça veut dire qu’il y a aussi des NPC (personnages non jouables) qui vont vous demander de faire ceci ou cela. Ces quêtes sont facultatives, et elles ne sont pas toutes égales, mais elles accompagnent magnifiquement le jeu.
Aussi, si vous voulez du mon (la monnaie du jeu), vous pouvez devenir chasseuse de primes. C’est très payant, et c’est souvent accompagné d’une histoire intéressante. Je ne vais rien divulgâcher ici, mais ces missions de chasse comptent parmi certains de mes moments préférés du jeu.
La DualSense brille
Je dois mentionner la manette DualSense de la PS5, car j’ai fait le saut à plusieurs reprises durant mon expérience.
En plus d’émettre des sons qui accompagnent bien le jeu, il y a une foule de sensations qui donnent au joueur des indices et qui aident à vous plonger dans l’action. À un moment, je demandais pourquoi ma manette vibrait autant alors qu’il n’y avait pas d’ennemis autour. Finalement, c’était un ours qui fonçait droit sur moi!
J’aime aussi beaucoup l’utilisation du «touchpad» de la manette pour certaines activités, ou même la façon dont on doit utiliser la détection de mouvement pour cuire du poisson. Et le jeu n’abuse pas des gâchettes adaptatives, non plus, alors l’expérience reste très confortable, même après plusieurs heures.
Un jeu satisfaisant

Ghost of Yotei ne réinvente pas vraiment la formule action-aventure. Ce n’est pas une grande innovation du monde du jeu vidéo, mais il offre une expérience très fluide et avec peu de défauts. Sans avoir terminé (ni même réellement approfondi) Ghost of Tsushima, Yotei a pu m’accrocher sans problème, dès les premières minutes.
Le combat est accessible, les quêtes sont divertissantes, l’histoire est captivante et le design est époustouflant. Je crois que c’est assez.
Si vous aimez les jeux où l’exploration est encouragée (et récompensée), avec beaucoup de liberté, de quêtes secondaires amusantes et de combat brutal, vous risquez d’aimer. Ce n’est pas un jeu pour ceux qui trouvent que les mondes ouverts sont trop vastes. Si vous préférez une expérience linéaire, Ghost of Yotei n’est pas pour vous.
Mais pour ceux qui, comme moi, aiment perdre leur temps avec tout sauf la quête principale, c’est très satisfaisant. J’ai déjà hâte de trouver le prochain onsen.
Ghost of Yotei sort sur la PlayStation 5 le 2 octobre.
*Une copie du jeu sur PS5 a été fournie par PlayStation Canada.