Gestion de l’offre: les producteurs laitiers sont partiellement rassurés par le discours de Duhaime

Gabriel Côté
LONGUEUIL | Éric Duhaime est catégorique : un gouvernement conservateur ne touchera pas à la gestion de l’offre. Même s’ils se disent «rassurés», les producteurs laitiers auraient aimé que le chef conservateur aille plus loin et s’engage à défendre le cadre national de politique agricole.
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«On ne veut pas changer le système actuel. Il n’y a rien ni dans notre programme, ni dans notre plateforme qui veut changer le système actuel. C’est le statu quo à cet égard», a dit le chef conservateur en réponse aux questions des journalistes qui lui demandaient s’il s’engageait à défendre la gestion de l’offre.
«J’ai eu des opinions personnelles dans le passé, mais ce n’est pas la politique du parti d’aucune façon», a-t-il ajouté. La crise sanitaire aurait toutefois fait évoluer sa perspective en raison du retour de «réflexes protectionnistes». La crise sanitaire aurait toutefois fait évoluer sa perspective en raison du retour de «réflexes protectionnistes».
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Quelques instants plus tôt, Éric Duhaime avait prononcé un discours devant les membres de l’Union des producteurs agricoles. Ces derniers étaient visiblement au courant du sentiment de l’ancien animateur de radio vis-à-vis de la gestion de l’offre, qu’il a déjà qualifiée de «cartel défendant les producteurs gras durs du système», et ils lui ont demandé s’ils seraient prêt à monter au barricade pour défendre le cadre national de politique agricole.
Accompagné par deux candidats qui sont eux-mêmes des producteurs laitiers, le chef conservateur a fait valoir que la gestion de l’offre relève du gouvernement fédéral, et que la plateforme de son parti ne contient aucun élément à ce sujet.
Insatisfait par la réponse, le président des producteurs laitiers du Québec, Daniel Gobeil, est revenu à la charge quelques minutes plus tard.
«Le gouvernement du Québec a quand même un rôle législatif pour encadrer le cadre réglementaire au niveau de la régie des marchés agricoles sur des plans conjoints. J’aimerais que le gouvernement s’engage à respecter ces cadres-là (...). Oui, c’est fédéral, mais ça prend quand même un engagement du Québec», a exprimé M. Gobeil.
Éric Duhaime a laissé son candidat de Côte-du-Sud, Frédéric Poulin, répondre à sa place. «Il faut s’arranger pour qu’on soit conséquent et permettre de maintenir la production», a déclaré ce dernier.
Doutes
Après la rencontre, Daniel Gobeil s’est dit « rassuré » par la présence de deux candidats producteurs laitiers aux côtés d’Éric Duhaime, et par l’engagement du chef conservateur de «ne pas toucher» à la gestion de l’offre.
Mais il aurait aimé qu’Éric Duhaime fasse un pas de plus, comme la gestion de l’offre représente 40% des recettes agricoles du Québec. «Tu ne peux pas tout remettre ça sur le rôle du fédéral, ça prend le respect de la loi du Québec, a-t-il remarqué. Le gouvernement provincial doit faire preuve de leadership et défendre ce système-là, sinon ça va s’effondrer.»
«À la base, s’il y a une entente canadienne, c’est parce qu’il y a une loi québécoise sur la mise en marché, avec une régie. Si le gouvernement du Québec ne donne pas son appui au maintien de ce système-là, le reste va tomber (...) Par exemple, le prix du lait au détail est déterminé par la régie du marché agricole, qui est québécois», a renchéri Charles-Félix Ross, le directeur général de l’Union des producteurs agricoles (UPA).