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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

GES: Québec manquerait sa cible de réduction

Photo d'archives
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Photo portrait de Nicolas Lachance

Nicolas Lachance

2022-06-01T14:13:46Z
2022-06-01T19:30:40Z
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La transition énergétique du Québec est compromise en raison de lacunes majeures dans sa mise en œuvre, si bien que l’atteinte de la cible de réduction de gaz à effet de serre est encore remise en question par la commissaire au développement durable.

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«Je ne suis pas en mesure de dire si ça sera impossible, mais je peux vous dire que ce sera un défi», a affirmé la commissaire Janique Lambert.

Dans son plus récent rapport déposé ce matin à l’Assemblée nationale, elle écorche la gouvernance du ministère de l’Environnement et du ministère de l’Énergie pour leur gestion du plan de réduction des GES et du Fonds d’électrification.

Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, estime que ce rapport n’est pas représentatif de la réalité. 

«C'est une photo qui date du 1er avril 2021. Donc, c'est une photo qui n'est vraiment plus à jour», plaide-t-il. «Depuis, il y a beaucoup de travail qui a été fait».

La commissaire réfute cet argument, soutenant que son évaluation s’est étendue jusqu’à la fin du mois de février 2022.

Selon elle, Québec ne «gère pas de manière efficace et efficiente» la mise en œuvre de sa politique énergétique et les «lacunes risquent de compromettre la transition énergétique du Québec.» Les cibles prévues de réduction de GES de 37,5% pour 2030 pourraient ne pas être atteintes, craint-elle.

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Retards

L’objectif de cette politique vise l’émergence d’une culture liée à l’efficacité énergétique, l’abandon progressif des combustibles fossiles en faveur des énergies renouvelables ainsi que l’élimination du gaspillage et de la surconsommation.

Or, six ans après son adoption, le gouvernement est toujours incapable d’évaluer les progrès de réduction réalisés en raison de l’absence d’indicateurs précis. La commissaire relève «du retard» de «façon globale» dans l’atteinte des résultats.

«Il y a un problème», a-t-elle déclaré, espérant la mise en place d’une saine gestion

Dans son plus récent plan, Québec a identifié 51 % des moyens pour atteindre sa cible.

Dépenser sans évaluation

Cette politique est principalement financée par le Fonds d’électrification et de changements climatiques. Là encore, Mme Lambert n’est pas tendre à l’égard de la gestion de cette enveloppe budgétaire par le ministère de l’Environnement, estimant qu’il manque de transparence et qu’il investit l’argent à l’aveugle.

Pas moins de 80 % des 6,7 G$ du Fonds ont été injectés pour des actions, sans qu’il y ait eu d’évaluation préalable. «En conséquence, plus le ministère tarde à réviser ces actions, plus il engage des sommes importantes sans que des améliorations soient apportées», mentionne le document.

L’évaluation ne comprend toutefois pas le milliard supplémentaire ajouté au plan lors du dernier budget. Le ministère a commencé l’évaluation de performance des actions prises. Il assure qu’il apportera des ajustements au besoin. Un tableau de bord devrait être publié.

Sels de déglaçage

Le rapport de la commissaire démontre également que le ministère des Transports est incapable d’assurer que les actions mises en place lors de l’épandage des sels de voirie lui permettent de limiter les répercussions négatives sur l’Environnement.

Au moins 775 000 tonnes de sels de voirie sont utilisées chaque année, depuis 5 ans.

Le MTQ «tarde» à intégrer certaines bonnes pratiques pour protéger les zones vulnérables. Puis, 80% de l’entretien hivernal des routes est confié à des sous-traitants, alors que Québec ne connaît pas les pratiques d’épandage de ces entreprises.

Vives critiques

«Au lieu de créer une crise avec l'immigration, la CAQ devrait s'occuper de la crise climatique. Les Québécois sont inquiets et c’est de la crise climatique dont ils ont peur. La Commissaire au développement durable confirme le bilan nul du ministre Charette et de la CAQ en matière de changements climatiques», a réagi Émilise Lessard-Therrien, la responsable solidaire en matière d’environnement.

Patrick Bonin de Greenpeace signale que ce rapport est «une nouvelle preuve que le gouvernement Legault ne prend toujours pas la crise climatique au sérieux, malgré les événements climatiques extrêmes comme les tempêtes, les sécheresses et les inondations qui ont récemment frappé le Québec.»

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