Geneviève Guilbault invite Bruno Marchand à s’assurer de «l’acceptabilité» du tramway


Taïeb Moalla
À Bruno Marchand qui souhaite un soutien clair du gouvernement du Québec au tramway, la ministre des Transports Geneviève Guilbault réplique que le maire de Québec doit d’abord travailler pour s’assurer de «l’acceptabilité» sociale du mégaprojet.
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«La Ville nous réclame la maîtrise d’œuvre d’un projet, veut être autonome, veut faire ses affaires... Parfait. Mais ensuite de ça, c’est à lui aussi [Bruno Marchand] d’en répondre. C’est à lui de travailler sur l’acceptabilité», a laissé tomber la ministre, jeudi, à Lévis, en marge d’un colloque de l’Association du transport urbain du Québec (ATUQ).
Rappelant que M. Marchand a fait sa campagne municipale de 2021 sur l’enjeu du tramway, elle a glissé «qu’il avait promis certains changements. Il ne les a pas nécessairement tous faits. C’est à lui d’expliquer tout ça. C’est à lui de travailler sur l’acceptabilité. Ce sera aussi à lui de mettre à jour les coûts».
Message à Ottawa
Tout en assurant que le gouvernement du Québec demeure «un partenaire» du projet de tramway de Québec, Mme Guilbault a renvoyé la balle au gouvernement fédéral dans ce dossier.
«Ce serait intéressant que le nouveau ministre fédéral des Transports [Pablo Rodriguez] réponde à cette question-là aussi: “Qu’en est-il pour lui du projet du tramway?”» a-t-elle déclaré.
Pourtant, le ministre fédéral Jean-Yves Duclos répète régulièrement qu’Ottawa financera le tramway, incluant les dépassements de coûts projetés, à hauteur de 40%. Faudrait-il douter de sa parole?
«Il faut voir la réalité des choses, a suggéré Mme Guilbault. Des fois, il y a des déclarations qui se font comme ça. Mais dans la réalité, actuellement, il n’y en a plus de programme qui couvre les infrastructures au fédéral. Je ne sais pas où il va trouver l’argent. Tant mieux si, lui, il a une réserve quelque part pour financer des projets d’infrastructures au Québec.»
Silence sur le tramway
Fait à noter, Mme Guilbault n’a pas prononcé le mot tramway une seule fois lors de son discours devant l’ATUQ. La ministre des Transports a pourtant énuméré plusieurs projets de transport à travers le Québec, comme la ligne bleue du métro à Montréal, le SRB Pie-IX (Montréal) et même les voies réservées sur le boulevard Guillaume-Couture, à Lévis.
Invitée à s’expliquer sur ce mutisme, elle a en a minimisé la portée: «Le tramway, on en parle déjà souvent [...] Le tramway, hier, demain et après-demain, on va en parler».
Déficit appréhendé de 2,5 G$
D’autre part, la ministre des Transports a soutenu que le déficit appréhendé des 10 principales sociétés de transport au Québec sera de 2,5 G$ au cours des 5 prochaines années. Ce déficit sera enregistré à 90% dans la grande région de Montréal.
Cette donnée suppose que les sociétés de transport «optimisent leurs dépenses», puisqu’il n’est pas question pour le gouvernement d’éponger tous ces sommes, a insisté Mme Guilbault.
Interrogé en marge du colloque, Nicolas Girard, directeur général du Réseau de transport de la Capitale (RTC), a refusé de préciser la somme du déficit qui sera enregistré à Québec.
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