Geneviève Biron à Santé Québec: «C’est moins Top Gun que Mission Impossible»

Les panélistes de «La Joute» voient d’un bon œil l’annonce de la nomination de l’administratrice Geneviève Biron à la tête de Santé Québec. Devant l’immensité du défi qu’est d’améliorer le système de santé, Yasmine Abdelfadel anticipe la suite des choses, alors que Gaétan Barrette croit qu’elle a tout pour réussir. 

Le ministre de la Santé Christian Dubé a jeté son dévolu sur Geneviève Biron, l’ex-PDG de Biron Groupe Santé, qui serait la nouvelle «top gun» du système de santé.

«C’est Mission Impossible», a lancé Yasmine Abdelfadel à l’émission «La Joute».

«Elle arrive avec plusieurs paramètres, un carré de sable bien défini, des budgets qui lui sont donnés, une vision politique qui lui sera imposée, pas de possibilité d’augmenter les capacités hospitalières et avec ça, il faut faire des miracles», a dit la chroniqueuse.

Gaétan Barrette connait Biron depuis plusieurs années. «Ce que je peux dire de [Geneviève Biron], c’est quelqu’un qui est capable de réfléchir et de prendre des décisions, je m’attends à ça, ensuite on verra le mandat qu’on lui donnera», a-t-il expliqué.

«Il faut dire aussi qu’on lui demande de réussir là où tous les ministres de la Santé ont échoué avec moins de latitude de ce qu’ils avaient», a ensuite avancé Yasmine Abdelfadel.

Devant les panélistes, elle renchérit: «Aujourd’hui, on a pris les responsabilités des ministres de la Santé, on les a donnés à une administratrice qui n'est pas élue par le peuple et on lui dit, fais mieux que tous ceux qui ont fait avant.»

«Quand je dis Mission Impossible, c’est Mission Impossible», a-t-elle ri. «C’est très difficile de lui donner toutes ces responsabilités, et elle sera imputable de l’échec annoncé.»

À ceci, Gaétan Barrette objecte: «Elle a dans son carquois, dans son coffre, des outils qu’aucun ministre a eus avant. Et la grande question, c’est: est-ce qu’elle va aller au bout de la capacité de ces outils-là? Je dis qu’elle a la personnalité pour le faire.»

Une annonce incontournable

«C’est quelqu’un qui a œuvré dans le secteur de la santé au privé [...], elle a un certain bilinguisme en santé. Elle a géré une organisation très correctement avec des hauts et des bas», a expliqué à Paul Larocque Gaétan Barrette.

«C’est quelqu’un d’analytique et qui est capable de faire la part des choses, et qui vient d’un environnement où on doit prendre des décisions», a-t-il continué.

Toutefois, les décisions au privé sont prises dans un environnement qui n'est pas du tout le même. «Dans le secteur public, on tombe dans les conventions collectives et tous les problèmes qui viennent avec», a pointé Gaétan Barrette.

Ce nouvel environnement du secteur public «n’aura que des défis à relever». «On va lui demander de faire mieux ou plus efficacement avec ce qu’elle a», a-t-il conclu.

Biaisée par le privé?

Mathieu Bock-Côté, quant à lui, n’a pas accepté et «trouve ça fou» qu’elle doive se justifier d’avoir travaillé au privé, comme si elle n’était pas «quelqu’un de fiable».

«L’idée qu’elle vienne du privé, il faudrait la regarder avec une plus grande méfiance, je trouve que ça en dit beaucoup sur nos propres préjugés à son endroit et sur nos illusions sur l’efficacité du système public», a argumenté Mathieu Bock-Côté.

Yasmine Abdelfadel a relevé les énormes différences entre les fonctionnements des secteurs public et privé. Pour la panéliste, être au privé, c’est d’être maitre de ses décisions et de pouvoir conserver les points de contact avec la clientèle.

Au public, «on va se frapper à du syndicalisme, à des “non”, à un processus qui tue l’initiative qu'est le bateau du ministre de la Santé», a-t-elle poursuivi.

«Est-ce qu’elle va rapidement prendre le pli et développer de nouveaux réflexes dans un milieu hyper syndicalisé, hyper rigide et sclérosé? Ça va être ça le secret», a-t-elle affirmé.

L’animateur, Paul Larocque, a noté que Tom Cruise réussit toujours sa mission dans les films de la franchise Mission Impossible. Est-ce que ce sera la même chose ici?

«Je ne demande que ça, on sortirait tous gagnants», a répondu Yasmine Abdelfadel.