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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Genesis a fait ses débuts au Canada le 6 avril 1973 au Grand Théâtre de Québec

Deux Québécois ont réussi, il y a 50 ans, à faire venir la formation britannique dans la Vieille Capitale

Claudel Huot. Photo tirée du livre Kosmos, une aventure québécoise au temps du rock progressif.
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Photo portrait de Yves Leclerc

Yves Leclerc

2023-04-05T15:36:56Z
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Le 6 avril 1973, Genesis se produisait pour la première fois à Québec et en territoire canadien. Un spectacle qui allait marquer le début d’une grande histoire d’amour avec le Québec.

Après avoir produit Pink Floyd au Pavillon de la Jeunesse, le 10 novembre 1971, Michel Maltais et Jean Bertrand, des Productions Kosmos, ont amené la mythique formation dans la Vieille Capitale.

Peter Gabriel, Tony Banks, Phil Collins, Steve Hackett et Michael Rutherford ont profité de quelques concerts promotionnels dans l’Est des États-Unis pour faire un saut à Québec et à Sherbrooke.

Lorsque Michel Maltais a eu l’idée d’attirer Genesis dans la Vieille Capitale, la formation n’était pas très connue à l’époque. Il avait bien aimé l’album Nursery Cryme, lancé en novembre 1971, qu’il avait acheté chez un disquaire de la rue Saint-Jean. 

« Les disques de Genesis étaient seulement disponibles en importation », a-t-il fait remarquer.

Après le concert de Pink Floyd, les productions Kosmos étaient sur le bord d’imploser. La fatigue était au rendez-vous et une pause était nécessaire.

Jean Bertrand était parti pour un long voyage avec sa conjointe. Michel Maltais l’a contacté par des lettres dirigées vers des bureaux d’American Express dans le monde. C’était la seule façon, en 1972, de le rejoindre parce que Jean Bertrand était en mouvement. Il lui avait fait parvenir une cassette avec quelques pièces de Genesis.

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« On était en compétition avec Donald K. Donald, qui était le gros producteur de Montréal. J’ai proposé à Jean, avant qu’il revienne au Canada, d’aller en Angleterre et d’essayer de rencontrer les gérants des groupes britanniques afin de les attirer au Québec », a-t-il raconté, lors d’un entretien.

Le téléphone sonne

Jean Bertrand s’est rendu à un festival à Lincoln en Angleterre où Genesis faisait une apparition. C’était au printemps 1972.

« Il a vu Genesis en plein jour, pas d’éclairage, pas d’effets spéciaux et sans les costumes de Peter Gabriel. Jean a rencontré le gérant Tony Smith en lui disant de nous donner un coup de fil si le groupe venait, un jour, en Amérique », a-t-il dit.

Tony Smith, qui dirigeait l’étiquette Charisma Records, tentait plus de vendre la formation Lindisfarne, qui connaissait du succès en Angleterre. Genesis n’était pas un gros vendeur en 1972.

Un an plus tard, contre toute attente, le téléphone a sonné. Le groupe planifiait une série de concerts promotionnels à New York. Le délai est court. Les productions Kosmos ont dû bouger rapidement.

Le Palais Montcalm n’est plus disponible. On décide de se tourner vers le Grand Théâtre de Québec.

« Le groupe arrivait avec son système de son et d’éclairage. Ce qui n’était pas commun à l’époque. Il ne prenait rien de la salle sauf les projecteurs de poursuite. Il y a eu quelques enjeux syndicaux avec le personnel du Grand Théâtre », a-t-il indiqué, en riant.

Les billets, en bas de cinq dollars, se sont envolés rapidement. L’opus Foxtrot, lancé le 6 octobre 1972, a reçu un bel accueil. L’album est disponible en copie canadienne.

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Gilles Savard
Gilles Savard

Le choc

Michel Maltais était sur le côté de la scène lorsque Tony Banks a fait vibrer la Salle Louis-Fréchette avec les sonorités de mellotron de Watcher of the Skies.

« On n’en revenait pas quand le spectacle a débuté. On avait vu quelques photos dans le magazine Melody Maker, mais là, c’était un choc. Il n’y avait rien de comparable. Le côté spectacle de Genesis s’harmonisait avec les textes et la musique. Il y avait une démarche artistique qui était pas mal complète. C’était plus que ces musiciens, c’étaient des artistes », a-t-il précisé.

Peter Gabriel portait des costumes, des maquillages et des masques, dont celui représentant une fleur durant Supper’s Ready. On retrouvait aussi une explosion durant le segment final de ce classique de Genesis. Le groupe interprète les pièces Watcher of the Skies, The Musical Box, Get ‘Em Out by Friday, Supper’s Ready, The Return of the Giant Hogweed et The Knife

Michel Maltais avait beaucoup apprécié d’être seul dans la salle, avec le groupe, lors des tests de sonorisations.

« C’étaient des gars de notre âge. C’était le fun de les voir. Ils ont capoté lorsqu’ils ont vu la salle. Ils n’en revenaient pas de savoir qu’elle était pour être pleine. Ça dépassait leurs attentes », a-t-il dit.

« Tripeux de musique »

Cette visite a été suivie par deux concerts au Théâtre Capitole et au Centre Municipal des Congrès lors de la tournée Selling England by the Pound en 1973. Kosmos était aussi derrière les passages de Genesis au Massey Hall de Toronto, le 8 Novembre 1973, au Civic Center d'Ottawa en 1974 et au Centre Sportif de l'Université de Montréal en 1973 et 1974.

Donald K. Donald a ensuite produit le spectacle de la tournée The Lamb Lies Down on Broadway, le 15 décembre 1974 au Forum de Montréal.

« J’étais tellement choqué que je n’étais pas aller voir le show », a laissé tomber Michel Maltais.

Le groupe est revenu deux fois avec Phil Collins, comme chanteur, au Colisée de Québec, en 1976 et 1977, lors des tournées A Trick of the Tail et Wind and Wuthering.

Initiateur de la toute première visite de Genesis au Québec et au Canada, Michel Maltais ressent un petit sentiment de fierté, mais il donne, en toute humilité, le crédit aux amateurs de musique québécois.

« Si personne n’était venu au concert, on aurait pas fait longtemps des groupes comme ça. Oui, on croyait au potentiel de Genesis, mais la réponse, elle, est venue des gens », ajoutant que les Productions Kosmos n’étaient pas constituées d’hommes d’affaires, mais de « tripeux » de musique.

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